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L'AUTRE DON DU CIEL

par Abdou BENABBOU

La question de l'environnement et de l'écologie ne relève plus d'une simple vue de l'esprit. Elle est, dorénavant, au centre des grandes préoccupations de l'humanité. Abordée de différentes manières, en fonction des enjeux et des intérêts de chaque pays, elle n'échappe pas, cependant, aux tiraillements des arguments souvent opposés de ceux qui en font un sacerdoce et ceux engloutis dans la misère et le besoin, obligés de s'accrocher à des moyens de survie. Le scieur d'arbres amazonien ne peut avoir la même approche sur les dons des forêts que celle du militant écologique activiste. L'un y voit une source de revenus pour nourrir ses enfants, l'autre les considère comme des auréoles oxygénées, nécessaires remèdes contre l'asphyxie de la planète. L'un et l'autre ne regardent pas le soleil avec les mêmes yeux. Il en est ainsi pour les Etats. Chacun s'affaire dans sa cuisine selon ses goûts et le décompte de ses dents.

Tenue et obligée de mettre un trait sur ses énergies fossiles s'effilochant, l'Algérie ne peut échapper à un débat planétaire aussi sérieux d'autant que ses contraintes économiques la contraignent de s'y impliquer sans retenue. La page du lourd condensé pétrolier devant être tournée sinon arrachée, source de malédictions plurielles plutôt que d'une aubaine avec intelligence exploitée, les Algériens sont, eux aussi, acteurs et sujets d'une révolution écologique annoncée.

Pour eux un autre don du ciel est à leur portée. Le soleil leur accorde sa force toute l'année durant. Pour peu qu'ils sachent avec savoir-faire et doigté, profiter de cette richesse éternelle et inépuisable, ils s'intégreront avec rentabilité et bonheur dans la nouvelle ère économique mondiale déjà déclarée. Bien que l'inscription dans ce registre ne soit pas simple et évidente à cause de l'exigence de la maîtrise que réclamera la gestion de cette énergie, l'intitulé environnemental et écologique est d'abord une affaire de culture et de savoir-vivre. Au delà de la familiarisation indispensable avec les instruments inévitables que nécessitera un mode de vie inconnu jusqu'ici, s'investir dans l'utilisation d'une nouvelle énergie tout en étant incapable de gérer ses ordures ménagères, relève de l'inconséquence et de la gabegie.

Avec la multitude d'harassements de toutes sortes qui empoisonnent l'existence de tout un chacun, qui ne sont finalement que les indices d'un sous-développement, le quidam algérien, non cultivé, pourrait loger sur le même pallier que l'incendiaire des forêts de l'Amazonie.