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Dr Med Zeroual, épidémiologiste: «Nous sommes en pleine troisième vague»

par El-Houari Dilmi

«Depuis quelque temps déjà, nous enregistrons jusqu'à 300 cas confirmés par jour», a alerté, hier samedi, le Professeur Mohamed Zeroual, maître-assistant en épidémiologie à l'établissement hospitalier spécialise en maladies infectieuses «El Hadi Flici» (ex-hôpital El Kettar).

En effet, s'exprimant sur les ondes de radio Sétif, l'épidémiologiste a déclaré que les «cas recensés quotidiennement ne reflètent pas la réalité puisque seules les personnes arrivées à un stade avancé de la maladie se présentent aux urgences des hôpitaux pour réclamer de l'oxygène».

Le Pr Mohamed Zeroual a encore expliqué que la majorité des personnes contaminées «ne présentant pas de symptômes, seuls 20% d'entre eux développent des complications de la maladie». «La majorité des personne qui ne se savent pas malades se promènent normalement dans la rue, et c'est ce qui constitue un véritable danger pour la santé publique», a-t-il alerté. «Les services de réanimation sont débordés dans la capitale par le nombre de malades, et nous sommes en pleine troisième vague de l'épidémie au moment où d'autres pays ont réussi à la dépasser pour revenir à une vie normale», a tonné le maître-assistant en épidémiologie-infectiologie pour réveiller les consciences.«L'OMS a, d'ailleurs, confirmé l'augmentation des cas de Covid-19 en Afrique comparé au reste du monde», a encore souligné l'invité de radio Sétif, appelant à protéger les personnes fragiles et autres malades chroniques contre la dangerosité du virus tueur. «Les autorités publiques doivent se montrer moins laxistes et sévir en cas de manquement aux règles de prévention qui doivent plus que jamais rester de mise», a insisté le Pr Mohamed Zeroual, exprimant son désarroi de voir «des blouses blanches continuer à mourir du virus et d'autres qui souffrent de complicationsgraves».

Des souches algériennes du Covid

Qualifiant la situation de «difficile et dangereuse», l'infectiologue a appelé à accélérer le rythme de la vaccination, « surtout que nous sommes à l'orée de la saison estivale où la circulation des personnes est plus importante et les fêtes familiales plus nombreuses ».

« L'ouverture progressive des frontières ne signifie pas que l'on doit baisser la garde, même si la situation reste maîtrisable chez nous », a rassuré le Dr Mohamed Zeroual, révélant que des « souches algériennes du virus, même s'ils ne sont pas dangereuses, sont en circulation dans notre pays, aux côtés des variants étrangers », a-t-il mis en garde. «Est-ce que l'immunité collective a commencé à donner des résultats probants chez nous ? », le professeur en épidémiologie s'est montré prudent, estimant que les scientifiques du monde entier « ne maîtrisent pas encore la nature du virus ni son comportement d'un pays à un autre », insistant sur la « nécessité impérieuse » d'accélérer le rythme de vaccination des Algériens, « seul moyen de stopper la propagation du virus». Saluant la mise en place des espaces de proximité pour vacciner la population, le maître-assistant en infectiologie à l'établissement hospitalier spécialise en maladies infectieuses «El Hadi Flici» a appelé à «communiquer davantage et à multiplier les campagnes de sensibilisation pour amener les Algériens à se faire vacciner». «Le Covid-19 ne sera plus qu'un mauvais souvenir si la majorité des Algériens se fait vacciner », a encore expliqué le Pr Mohamed Zeroual, ajoutant que les plages « ne constituent pas un danger contrairement aux espaces clos, même s'il faut rester prudent dans l'utilisation des appareils de climatisation par période de grandes chaleurs». «Le virus risque de vivre avec nous pendant au moins 5 ans si on n'accélère pas la cadence de vaccination de la population, et surtout si l'on ne respecte à la lettre les gestes barrières», a-t-il conclu.