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En l'absence d'un espace de convergence à Aïn El Turck: L'esplanade du 20 Août prise d'assaut par les familles

par Rachid Boutlelis

En l'absence d'un espace de convergence, l'esplanade du 20 Août 1956 se transforme, durant la période estivale notamment, en un véritable pôle d'attraction où familles, jeunes et moins jeunes s'y installent après le crépuscule. Partiellement entourée de crémeries, de cafétérias et autres établissements de restauration, cette place est également envahie par des petites activités informelles, qui contribuent à l'ambiance prévalant en ce lieu, en fin d'après-midi, ces derniers jours. Certaines familles venues d'Oran pour fuir éphémèrement, l'espace d'un après-midi, la claustration dans le béton suintant l'humidité dans les sordides cités-dortoirs de la banlieue d'Oran, où des couvertures puant les corps mal lavés et les pieds sont benoîtement étendues sur ce qui reste des rampes d'escaliers et le stress enfanté par le confinement, ont pris l'habitude de converger vers cette esplanade pour respirer un bol d'air iodé, embaumé par les relents de barbecues et des poulets tournant dans les rôtissoires, provenant des établissements de restauration situés à proximité. Il importe de noter dans ce contexte non envié que hormis le jardin public, situé dans la localité de Claire Fontaine, les aires de jeux essaimées à travers les différents quartiers de cette daïra sont pratiquement toutes dans un état de dégradation avancé. Celles ayant été réalisées au cours des cinq dernières années seulement au niveau des zones à forte concentration de la population de la municipalité d'Aïn El Turck se trouvent dans un piteux état, en raison notamment des actes d'incivilité perpétrés par des individus ne jouissant d'aucun sens du mode de la culture et de l'absence d'entretien et de gardiennage. Les petits espaces de loisirs pour enfants, pour lesquels d'importants apports financiers ont été dégagés pour leur réalisation, ont été gratuitement et tout simplement dégradés par les adeptes de l'incivisme et de sa fratrie au détriment de toute une population.

«A mon humble avis, les auteurs de ces actes de vandalisme devraient être identifiés et faire l'objet de poursuites judiciaires pour dégradation de bien de l'Etat et ce, conformément aux lois de la République. Si celle-ci était appliquée à la lettre, je doute fort que ces individus oseront détériorer ces lieux de loisirs et de détente», a fait remarquer avec une humeur bilieuse un riverain de la localité de St Germain. Cependant et fort heureusement, une insurrection de la bonté, qui mérite d'être signalée, s'est manifestée chez des riverains de la localité de Bouisseville et ce, à travers la réhabilitation du petit jardin faisant face au bureau de poste et l'installation d'un mobilier urbain adéquat. Les bienfaiteurs ont admirablement réussi à sauver les meubles en restaurant complètement cet espace.

Signalons aussi dans ce baroque registre que l'innommable anarchie, enfantée par une multitude de véhicules de transport public et autres fourgons conçus pour les déménagements, activant dans la légalité et/ou dans la clandestinité, qui caractérise l'essentiel de l'ambiance au niveau de la place du 1er Novembre 1954, sise en plein cœur de la municipalité d'Aïn El Turck, ne semble nullement émouvoir quiconque. Les altercations qui opposent assez souvent entre eux les propriétaires des véhicules de transport et/ou avec les usagers, devant le regard des chiens errants, ajoutent une touche loufoque à cette agitation insensée prévalant au sein de cette place. Lui faisant face, l'autre esplanade du même nom, logée déplorablement à la même piteuse enseigne, a été transformée en parking sauvage qui est géré par un gilet vert pistache. Toujours est-il que, selon le constat établi par Le Quotidien d'Oran, les lieux cités deviennent à la tombée du soir un territoire conquis pour les rats, chiens errants et chats de gouttière. Les abords immédiats des gargotes tapissés de restes d'aliments et les bacs branlants des poubelles, cernés de sachets de détritus éventrés, d'où dégouline un liquide visqueux dégageant une puanteur insupportable, sont pris d'assaut par ces animaux nuisibles qui font désormais partie prenante du paysage de centre ville du chef-lieu de cette daïra, désignée comble de l'ironie comme zone d'appui pour les Jeux méditerranéens qu'organisera la capitale de l'Ouest en 2022.

Il importe aussi de signaler dans cette optique le projet mort-né d'un parc aquatique sur la superficie qui abritait l'ex-décharge communale de Cap Falcon. Il avait été question d'une étude de faisabilité pour la réalisation d'un projet de grande envergure, relatif en effet à la réalisation d'un parc aquatique et d'un lieu de détente pour les familles, ainsi que des aires de jeux pour enfants. Un projet qualifié d'utopie par la population, qui a pourtant été accordé par la wilaya d'Oran.