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Les taxes qui fâchent évitées

par Abdelkrim Zerzouri

Le gouvernement a-t-il trouvé la parade pour équilibrer un tant soit peu les recettes et les dépenses du budget, ainsi que le résultat budgétaire, ou déficit budgétaire, à travers cette Loi de finances complémentaire (LFC) pour 2021, sans éreinter le pouvoir d'achat du citoyen ?

Entre l'autorisation de l'importation des véhicules de moins de trois (3) ans d'âge par les particuliers résidents, sur leurs devises propres, après une valse-hésitation, passée par une objection de la formule en question qu'on croyait définitive, et l'institution d'un impôt complémentaire sur les bénéfices à hauteur de 10% sur les sociétés de fabrication de tabac, qui est passé de 19 à 29%, ainsi qu'une taxe additionnelle sur les produits tabagiques, qui est passée de 22 à 32 dinars, on décèle une ferme volonté qui veut éviter l'instauration de nouvelles taxes qui fâchent, celles qui toucheraient directement au portefeuille du citoyen. Cela expliquerait par ce côté le changement d'attitude des pouvoirs publics opéré sur le plan de l'importation des véhicules de moins de trois ans d'âge, tant décriée tout récemment, notamment à cause de la flambée des devises que cela provoquerait sur le marché parallèle et les difficultés de garantir la fidélité des caractéristiques techniques des véhicules ramenés de l'étranger.

Les mêmes alarmes sont toujours là, et pourtant l'interdiction d'importer des véhicules d'occasion a été levée, à l'ombre d'une accélération des procédures d'octroi des licences d'importation des véhicules neufs. En sus d'une bancarisation quasi assurée des devises en circulation sur le marché parallèle, car tout achat d'un véhicule à l'étranger sera opéré par débit d'un compte devises, ouvert en Algérie, on devrait également s'attendre à des recettes fiscales conséquentes, à travers le dédouanement de ces véhicules, pour la mise à la consommation, avec paiement des droits et taxes relevant du régime de droit commun.

Dans cette même vision, c'est du côté du tabac qu'on est allé chercher recettes. Personne n'y trouverait à redire même si les fumeurs vont s'essouffler davantage. Selon l'argument massue, les taxes tabacs répondraient particulièrement aux besoins de financement de plus en plus important du traitement des maladies chroniques et celles liées à la consommation des produits tabagiques (cancer du poumon, maladies cardiovasculaires, etc.), en faisant bénéficier dans ce contexte les organismes de sécurité sociale chargés du financement des prestations d'assurance maladie et ce, par le relèvement de sa quote-part du produit de la taxe en question.

Presque tout ce qu'il y a d'autres dans cette LFC 2021 encourage l'investissement et soutient la finance islamique. Reste à savoir si les nouvelles taxes pourraient soutenir les recettes de l'Etat (5.330 milliards de dinars, avec environ 3.400 milliards de dinars de recettes issues de la fiscalité ordinaire et 1.920 milliards de dinars de recettes issues de la fiscalité pétrolière) pour des dépenses budgétaires d'environ de 8.640 milliards de dinars.