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Face à la raréfaction et au gaspillage: La police de l'eau remise au goût du jour

par El-Houari Dilmi

  L'Algérie s'inquiète depuis longtemps déjà de la raréfaction de l'eau, même si une bonne partie de ce précieux liquide est gaspillée.

Ainsi, le défi majeur posé par la raréfaction de l'eau ne laisse pas les pouvoirs publics indifférents, commençant à agir selon une nouvelle vision dans la gestion de l'eau avec la mise en place d'une charte pour économiser cette précieuse denrée. Intervenant, hier, sur les ondes de la Radio nationale, le ministre des Ressources en eau, Mustapha Kamel, a déclaré que « cette charte sera présentée demain au conseil interministériel, dans le sillage d'une politique mise en place pour circonscrire l'effet du stress hydrique dû à une pluviométrie avare ces dernières années et lutter contre le gaspillage ». «Cette option est inévitable pour déterminer efficacement l'usage rationnel des différentes sources de l'eau par ces temps de déficit pluviométrique», a encore expliqué le ministre, ajoutant « qu'il faut effectuer d'abord une campagne de sensibilisation au niveau de plusieurs secteurs autour de cette charte, pour ensuite passer à la répression par le biais d'une police de l'eau ». Cette police, qui sera instaurée en temps opportun, agira, selon le ministre, «avec force de loi et plein pouvoir pour réprimander le gaspillage de l'eau d'où qu'il vienne», a-t-il souligné, précisant, à ce titre, que «la loi 05-12 relative à l'eau est en voie de révision et sera soumise à différents secteurs pour enrichissement avec des actions concrètes». L'invité de la Radio a également affirmé que ce déficit «sera plus ou moins comblé», ajoutant que le pays «ne peut plus se contenter des eaux de surface et l'objectif est d'aller vers l'eau non conventionnelle : eau souterraine, eau de mer dessalée, le recyclage de l'eau, etc.». « La problématique du stress hydrique n'est pas nouvelle du fait que la région sud de la Méditerranée est exposée, notamment notre pays, à un climat semi-aride et le déficit tourne autour de 20-30% en moyenne depuis trois ans au moins », a encore expliqué le ministre, révélant, au passage, l'intension des autorités du pays à « doubler le nombre des stations de dessalement de l'eau de mer (11 stations en activité, ndlr) à l'horizon 2030 pour arriver à 2 milliards de mètres cubes en matière d'eau non conventionnelle ».

En attendant le montage progressif de ces nouvelles stations, le ministre des Ressources en eau a évoqué l'option d'extension de celles d'El Tarf, de Béjaïa et d'Alger (El Hamma) qui va passer de 200 à 240 mille litres/jour. « On est en train de voir le montage financier de ces extensions », a expliqué l'hôte de la Radio, ajoutant qu'il s'agit de « solutions pratiques, rapides et faciles: les eaux de surface seront désormais destinées exclusivement à l'agriculture», a-t-il tranché.

Vers la résiliation du contrat avec le partenaire français

Le contrat avec le partenaire français assurant la gestion déléguée de l'eau dans les villes d'Alger et Tipaza à travers la société SEAAL, qui arrive à terme en août prochain, «pourrait ne pas être reconduit en raison des irrégularités constatées dans son application», a encore indiqué Mustapha Kamel Mihoubi. «Le partenaire français a failli à ses engagements, notamment dans le cadre de son troisième contrat, puisque il n'y a pas eu d'efforts en matière de lutte contre les fuites», a déploré M. Mihoubi. Le ministre a souligné que la SEAAL (Société des eaux et de l'assainissement d'Alger) n'a pas mis les moyens nécessaires pour évaluer et résorber le phénomène des fuites d'eau qui représente le «maillon faible de cette société créée en 2006». «Il n'y a pas eu d'actions que récemment. C'est l'un des points qui n'ont pas été pris en charge», a martelé l'invité de la Radio, annonçant avoir engagé «deux audits, sur la base desquels il va trancher sur la reconduction ou pas du contrat avec le partenaire français». «Le contrat est en vigueur et les engagements doivent être respectés, nous verrons à la fin du contrat s'il sera reconduit ou pas. (...) Mais je pense que pour le contrat III, il y a eu des irrégularités en matière de gestion. La SEAAL a géré quand la ressource a été abondante mais dans le contexte actuel de déficit, il y a un effort supplémentaire à faire», a-t-il déclaré. En sus, le mode de montage actuel du contrat «ne répond pas aux exigences actuelles et doit être revu», a ajouté le ministre. Détenue respectivement par l'Algérienne des eaux (70%), l'Office national de l'assainissement (30%), la SEAAL est gérée par le groupe international Suez depuis sa création en 2006 à travers trois contrats. Le dernier contrat a été signé en 2018 pour une durée de trois ans, et il porte sur la performance des services de l'eau et de l'assainissement d'Alger et de deux opérateurs nationaux (ADE et ONA) dans l'acquisition de savoir-faire lié à chaque métier.