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ES Sétif: Une Entente en demi-teinte

par Adjal Lahouari

Il est vrai que mathématiquement, l'ESS a réalisé une excellente opération qui a débouché sur deux objectifs. D'une part, les Sétifiens ont trois points d'avance sur le seul adversaire en mesure de leur contester le titre honorifique de champion d'hiver, la JSS en l'occurrence, mais qui a un match en retard par rapport à l'ESS et, d'autre part, ils ont écarté un potentiel rival dans cette course au titre, la JSK. Mais ce fut loin d'être une promenade de santé face à des visiteurs coriaces qui ont résisté avant de concéder le seul but de la partie. Il a fallu attendre l'heure de jeu pour que les Sétifiens trouvent la faille suite à un corner et un cafouillage sur lequel le gardien Benbot, par ailleurs irréprochable, ne pouvait rien faire. Compte tenu de leur belle victoire en Coupe de la CAF face au club nigérian Enyimba, on s'attendait à voir des Sétifiens plus à l'aise sur leur stade.

Ce ne fut pas le cas, loin de là. Car, si par moments, on a entrevu le jeu collectif qui est « la marque de fabrique » de l'Entente, on a relevé de nombreux mauvais choix comme les longues balles en profondeur censées «casser les lignes» adverses. C'était en fait des ballons perdus et facilement récupérés par les visiteurs. Il faut préciser que les joueurs du milieu ont eu tendance à trop garder la balle dans certaines phases de jeu, « oubliant » les transmissions rapides qui leur auraient permis d'être plus efficaces au lieu de souffrir face à un adversaire volontaire et accrocheur à souhait. Le plus surprenant dans ce choc qui n'a pas atteint le niveau escompté en raison des maladresses de part et d'autre, c'est que le coach de l'ESS, et en dépit de ses consignes, n'est pas parvenu à corriger les lacunes de son équipe. Aussi, et au vu de cette prestation en demi-teinte, nous pensons que l'arrivée de Djabou ne sera pas un luxe comme certains dirigeants le croyaient, alors que El Kouki, principal intéressé, était d'accord. Effectivement, avec sa vista et son expérience, l'ancien international est appelé à remettre de l'ordre dans la construction des attaques de façon plus rationnelle. En première période, et en raison de l'échec de leurs tentatives, les Sétifiens ont paru contrariés par la réplique des Canaris, lesquels, bien en place dans leur périmètre, les ont même contraints à effectuer des rétro-passes faute de mieux.

Cependant, dans le volet positif, on retiendra la prestation du secteur défensif, anormalement critiqué alors qu'il est le plus solide de la Ligue 1, et qui a su annihiler les tentatives des coéquipiers de Bensayah, auteurs de plusieurs occasions, notamment en seconde période, grâce à un pressing constant sur le porteur du ballon et, au piège du hors-jeu. De son côté, le gardien Khedaïria a apporté sa contribution habituelle, ce qui ne nous empêchera pas de lui reprocher ses relances hasardeuses par des dégagements puissants mais improductifs, cela va de soi. En somme, le taux d'échecs des offensives de son équipe devrait retenir l'attention de l'entraîneur El Kouki, pourtant adepte du jeu construit et collectif. Actuellement, avec de tels déchets, son équipe ne peut avoir le rendement escompté. Aux yeux des connaisseurs, cette critique est justifiée compte tenu du potentiel de l'effectif, lequel va être renforcé par les arrivées de Djabou, Ziti et Belebna.

C'est le principal chantier auquel doit s'attacher le technicien tunisien s'il veut récolter les fruits de son travail. Car, l'esprit d'équipe n'est pas une utopie chez des Sétifiens sans doute inquiets, au départ, par la rareté de leurs succès ces quatre dernières saisons face à la JSK (quatre victoires et autant de nuls en faveur des Canaris). En témoigne la célébration collective du but inscrit qui leur permet d'entrevoir avec optimisme la suite de leur parcours.

Par ailleurs, on continue à s'interroger sur l'absence de Lomotey. Car il est surprenant et anormal qu'un international ghanéen se trouve ailleurs que sur le terrain. On sait qu'il n'est pas blessé. Alors, aura-t-on droit à une réponse ?