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MUTISME ET COMMUNICATION

par Abdou BENABBOU

Une des tares principales de nos gouvernants réside dans le domaine de la communication. Soit ils s'en tiennent à des communiqués évasifs croyant qu'il suffisait d'indiquer qu'ils se déplacent ou qu'ils se réunissent pour croire qu'ils font preuve de transparence, soit ils versent dans des outrances verbales renversantes à mille lieues de la raison et de la circonspection. Il est parfois donné à quelques-uns de nos ministres et des autorités locales de s'égarer dans des affirmations déconvenues, nullement à la hauteur de leur responsabilité, provoquant des effets contraires au résultat escompté.

Des exemples des déphasages dans l'intention d'informer meublent la quotidienneté de l'activité des responsables officiels et la parole ou le communiqué censés éclairer la population transforment les messages en écrans de fumée. La désignation des chargés de communication a dépassé les limites du tapage et ceux qui en ont la charge se contraignent à signaler les déplacements de leurs responsables sans expliciter en profondeur le but des visites. Peut-il en être autrement quand ministres et walis ne sont pas dupes quant à la finalité de leur vadrouille qui se limitera à vociférer des serments contre les retards des projets.

Affronter les problèmes des localités en analysant leurs genèses au vu et su de tout le monde est un exercice dangereux si seule la gestion de la carrière professionnelle est la seule et unique préoccupation. La crise multiforme nationale, à l'allure inextricable par ses ramifications profondes, n'accorde pas un abordage aisé et a fini par inciter à se croiser les bras et à prier en silence pour laisser la fatalité s'occuper de tout. On s'abrite alors derrière la gloriole malaisée des recasements de la population ou des distributions de logements sans se préoccuper en aucune manière du futur de la cité.

On laissera à la relève le soin de perpétuer les prières.

Les médias, dans leur majorité, suivent la cadence de l'étouffement de l'information quand elle est disponible comme si une entente tacite s'était évertuée pour que la langue de bois soit mise à l'honneur en permanence. Ou alors, ils iront chercher des poux dans les têtes de ceux qui gouvernent quels que soient leurs niveaux de responsabilités.

La complicité est prenante pour que la population maudisse avec rage l'exercice politique.