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Compétition primordiale

par Abdelkrim Zerzouri

Est-il correcte de soutenir que la stabilité de la situation pandémique dans le pays permettra de poursuivre «à l'aise» la campagne de vaccination ? C'est le directeur général de l'Institut Pasteur, Fawzi Derrar, qui avait déclaré samedi 3 avril, que la cadence de vaccination connaitra une «hausse» durant le mois d'avril courant, affirmant dans cette concordance que la stabilité de la situation pandémique dans le pays permettra de poursuivre «à l'aise» cette opération qui va lentement. Aussi correcte, soit-elle, cette affirmation ne peut en aucun justifier le retard incommensurable accusé par la campagne de vaccination qui, plus de deux mois après son lancement n'a atteint qu'un pourcentage infiniment petit et ne devrait aucunement inciter les responsables compétents à dormir sur leurs lauriers.

Ne serait-il pas plus juste de prendre en aval cette vérité et soutenir le contraire, soit l'intensification de la campagne de la campagne de vaccination dans cet environnement favorable dû à la stabilité de la situation pandémique dans le pays afin d'immuniser le plus fort taux possible de la population, et atteindre l'immunité collective, en toute « aise » ? Car, on ne sait jamais à quoi s'en tenir avec la Covid-19, et nul n'est à l'abri des brusques rebonds des contaminations. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas pu acquérir des doses de vaccin en quantités suffisantes pour mener une vaste et ininterrompue campagne de vaccination qu'on peut se permettre de jeter son regard en bas et se consoler de la stabilité relative de la situation pandémique. Et, ce ne serait pas trop se culpabiliser que de reconnaître que la diplomatie des vaccins, comme on la qualifie, n'a pas bien marché. L'Algérie a réussi à entamer la vaccination à la fin du mois de janvier, comme le voulait le Président de la République, mais la suite a révélé que l'entame des vaccinations ne veut rien dire si le rythme n'est pas soutenu à une cadence régulière et soutenue. Des pays sinon plus développés, qui avaient signé des contrats avec des laboratoires qui produisent les vaccins, n'ont pas reçu à temps leurs doses commandées et ont été confrontés au problème de la rupture de la campagne de vaccination. Il ne s'agit, donc, pas de « disponibilité d'enveloppes financières dédiées à l'achat des vaccins », comme s'en flatte le ministre de la Santé, pour régler le problème de vaccination de masse. C'est un problème de production des vaccins, qui n'arrivent pas à satisfaire la commande mondiale. La solution idoine serait d'arriver à produire chez soi les vaccins. Des pays européens, dont la France et l'Italie, sont arrivés à cette conclusion et ont entamé les démarches pour produire le vaccin localement. L'Algérie également devrait miser sur cette option et aller vers « le parachèvement des mesures contractuelles et opérationnelles requises pour concrétiser le projet de production en Algérie du vaccin russe «Sputnik V» dans les plus brefs délais », comme l'a ordonné le Président de la république lors du dernier Conseil des ministres.

Le monde n'est pas sorti de cet « état de guerre » depuis l'apparition des premiers cas infectés au Covid-19. Après la guerre anti Covid-19 à l'aide des moyens de bord, en l'occurrence la vigilance et l'application des mesures barrières, est venue la guerre des vaccins.

Certains pays parlent d'acquisitions en millions de doses de vaccins, et peinent encore à atteindre l'immunité collective, alors que le pays en est encore à la traîne avec des lots disparates qui n'arrivent pas à couvrir la vaccination des personnes à hauts risques, les personnels de santé et les personnes âgées avec comorbidités ! Les lots récemment réceptionnés et ceux attendus durant les prochains jours ou les prochaines semaines, qui permettraient une « hausse » de la cadence de vaccination durant le mois d'avril courant, selon les responsables, ne devraient pas éloigner de vue la compétition primordiale, celle de produire le vaccin russe « Sputnik V » en Algérie.