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Amir Sayoud: Le métronome du Chabab

par Adjal Lahouari

Avant la reprise de la seconde mitemps, avec son chasuble de remplaçant, Sayoud n'a pas manqué d'haranguer ses coéquipiers, qui n'arrivaient pas à changer ce qui est devenu une mauvaise habitude, celle de donner l'illusion d'une équipe sûre d'elle dans son périmètre, mais sans idée dans le camp adverse. Slimane Raho, qui avait la charge technique de l'équipe avec Bakhti, a eu la bonne idée de lancer le «métronome» de l'équipe à l'heure de jeu. Et ce n'est pas par hasard si on a vu un autre Chabab, plus offensif et avec moins de déchets, qui a fini par battre, il faut le souligner, un adversaire doté d'un potentiel appréciable et dangereux. Car, avec sa technique et sa clairvoyance, il a donné le bon tempo et redonné confiance à ses coéquipiers, confirmant ses précédentes prestations en Ligue des champions d'Afrique.

Pour rappel, lors du cuisant échec face à Mamelodi Sundows, il fut le seul à surnager. Donc, si le CRB s'est imposée, il doit une fière chandelle à Sayoud. Tous les sportifs connaissent ce numéro 10, véritable stratège, dont le style « tranche » avec celui de la plupart de ses coéquipiers. Vendredi soir, et pour le plus grand bonheur des fans belouizdadis, il a endossé deux rôles. Celui où il s'exprime le mieux, c'est-à-dire imposer le jeu collectif en distillant des ballons exploitables à ses partenaires et, également, celui du buteur. Si Sayoud a pu reprendre la balle de la tête au milieu d'une défense congolaise renforcée, c'est grâce à son intelligence et à son sens du placement. Avant que Sayoud ne soit lancé par le staff technique, le CRB a beaucoup souffert. Si la défense était au rendez-vous avec, parfois, des interventions limites, la construction du jeu a laissé à désirer.

Ce n'est pas parce que Frank Dumas n'est plus l'entraîneur que les irritantes et mauvaises habitudes ont disparu. On dira, qu'à défaut d'une prise de conscience de la part du futur staff et des joueurs, cette manière de jouer n'est pas prête à disparaître. Il n'y avait qu'à compter les passes latérales et les rétro-passes pour être convaincu que cette « manie » est toujours présente. Lorsque les Congolais effectuaient du pressing, les défenseurs et les milieux du Chabab ont opté pour les longues balles en profondeur. Ce n'est qu'avec la rentrée de Sayoud qu'on a vu un CRB au style collectif et dominateur, se procurant plusieurs occasions hélas gâchées, soit par maladresse, soit par excès de précipitation. En trois minutes, l'intelligence de Sayoud, « oublié » dans sa prime jeunesse et découvert vers le tard, a été décisive face à des adversaires qui ont eu le tort de viser le nul. On regrette qu'un tel talent n'ait pas été consacré au plus haut niveau à cause de circonstances indépendantes de sa volonté. Assurément, il méritait plus qu'une en équipe nationale A', encore qu'il a fait partie du Ahly du Caire, où n'entre pas qui veut. Espérons que le scénario de cette victoire va pousser le staff technique à accorder une plus grande importance au jeu collectif et construit avec Sayoud aux commandes bien évidemment.