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Baisse des marges: Le syndicat des pharmaciens monte au créneau

par Khaled Boumediene

  Le syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO) s'alarme de la baisse des marges. Selon le vice-président du bureau national du SNAPO, Zefizef Abdelhak, la société ALDAPH (SPA filiale du groupe Novo Nordisk en Algérie) ne respecte pas les marges bénéficiaires revenant de droit aux pharmaciens comme spécifié dans le décret exécutif 98-44 du 1er février 1998. « Dans un premier temps, la marge du pharmacien a été baissée par ALDAPH à 16%, et à la fin de ce mois de mars à12%. Les opérateurs doivent s'inscrire dans le respect strict des marges fixées par la réglementation en vigueur. Les pharmaciens sont lourdement lésés et pénalisés par ces pratiques », a indiqué hier Zefizef Abdelhak. Le responsable du SNAPO avertit l'ADAPH SPA de rester dans son rôle d'assurer l'importation et la disponibilité du produit au prix généré par les procédures instaurées par l'Etat et la valeur contractuelle de la monnaie nationale. « C'est l'Etat qui est garant de la légalité et de la conformité des prix et leur mode d'élaboration ou modification. Les pharmaciens sont choqués par ses pratiques qui mettent réellement la profession en danger et menacent son existence, puisque cette diminution de marge va tout simplement anéantir leur activité ». Le vice-président du bureau national du SNAPO évoque, à ce titre, un manquement flagrant à la réglementation car selon lui, « la situation actuelle est caractérisée par une chute incroyable du chiffre d'affaires de la quasi-totalité des officines, due essentiellement à la baisse des marges bénéficiaires des officines, l'application de tarif de référence et le manquement au respect dans l'installation des officines (numerus clausus). Le prix des médicaments remboursables n'a cessé de baisser ces dernières années avec l'arrivée des génériques, toujours plus nombreux. Cela représente un manque à gagner pour les pharmaciens qui percevaient essentiellement une marge réalisée sur chaque boîte ».

Et de préciser que « le SNAPO a officiellement déposé plainte auprès des ministères de l'Industrie pharmaceutique et du Commerce contre le laboratoire pharmaceutique concerné, qui a revu à la baisse les marges bénéficiaires du pharmacien d'officine ». Le SNAPO réclamera-t-il une compensation ou une revalorisation pour pallier à l'écroulement de leur marge ? La CNAS compensera-t-elle la baisse des honoraires des pharmaciens ? Selon Zefizef Abdelhak, les honoraires des pharmaciens dépendent encore largement du nombre et du prix des boîtes de comprimés qu'ils vendent. « Un service honoraire SHP est de 1,5 DA et de 2,5 DA par boîte avec une marge brute globale inférieure à 20% sur le prix de vente public du médicament PPA et ce, depuis la promulgation du décret n° 98-44 du 1er février 1998. Les revenus des pharmaciens pourraient donc se dégrader par rapport aux années précédentes », a-t-il affirmé.

Il faut rappeler qu'une lettre d'ALDAPH SPA signée le 23 mars 2021 par le sous-directeur des finances et des opérations, a été adressée aux clients d'ADALPH pour expliquer l'impact de la dévaluation du dinar sur les marges de Norditropine et Nordiflex. En effet, l'ALDAPH SPA estime que « l'année 2021 a été marquée par une forte baisse du dinar algérien face aux principales devises internationales.

Au vu de cette dépréciation, le maintien du prix de Norditropine et Nordiflex au tarif de référence a eu un impact direct sur les marges. Notre mission commune est de veiller sur la santé de nos patients et la continuité de leurs traitements. A ce titre, nous avons procédé à une baisse significative de notre marge pour limiter l'impact sur les votre et garder le PPA inchangé afin que le patient n'ait pas à payer cette différence de prix. Aussi, il est important de souligner que le maintien du PPA au tarif de référence permettra aux pharmaciens de garder les 10% de majoration CNAS. Nous explorons actuellement d'autres options afin de remédier à cette situation». Cette lettre a suscité un vif mécontentement au sein des pharmacies d'officine.