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Être un Arabe «constructif» aujourd'hui

par Amine Bouali

L'Agence de presse officielle émiratie «WAM» a annoncé, ce jeudi 11 mars, qu'à «la suite d'un appel téléphonique constructif, entre le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les Émirats arabes unis ont décidé de la création d'un fonds d'investissement de 10 milliards de dollars destiné à des secteurs stratégiques en Israël». Elle a précisé également que, grâce à ce fonds de 10 milliards de dollars, les Émiratis allaient investir chez leurs nouveaux amis israéliens dans les domaines de la production d'énergie, l'eau, l'espace, la santé et l'agro-technologie.

Appel téléphonique « constructif » donc ! Le rédacteur de ce communiqué a dû réfléchir à deux fois avant d'opter pour l'adjectif sibyllin « constructif ». D'après le dictionnaire ?Le Robert', ce mot signifie: être capable de construire, qui aboutit à un résultat positif. Mais construire et être positif pour le bénéfice de qui et à quel prix ? Dans le nouveau Moyen-Orient «constructif» qui se profile à l'horizon, façonné par le fait accompli et l'ultra-cynisme, tous ceux qui n'appuieraient pas ladite vision « constructive » des relations arabo-israélienne auraient donc un esprit négatif ou destructif.

Etre un Arabe «constructif» aujourd'hui, ce serait alors, après avoir bien mesuré où résidait notre intérêt bien compris, s'affranchir, au plus vite, de tous nos principes «surannés» qui ne valent pas un clou à la bourse de New York ou au London Stock Exchange, par exemple.

Être un Arabe «constructif», aujourd'hui, c'est être, en tous points, conforme aux attentes de tous les faiseurs actuels de rois et sans cesse leur offrir des gages d'amitié sonnants et trébuchants. Être un Arabe «constructif» aujourd'hui, c'est ne pas considérer qu'il y a des causes sacrées ou justes qui ne se marchandent pas et être prêt à avaler toutes les couleuvres, pourvu qu'elles soient enrobées de miel ou de sucre.

Quant à l'argent des Arabes, il est bien connu qu'il est moins utile aux Arabes qu'à leurs ennemis et souvent qu'il bénéficie davantage à leurs faux amis qu'à leurs propres frères.