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Accès aux archives françaises classifiées: Des historiens saluent un geste «très positif»

par R. N.

La décision du président français, Emmanuel Macron, de faciliter l'accès, dès ce mercredi, aux archives classifiées de plus de 50 ans, est un geste «très positif» et «très important», ont estimé des historiens, cités par l'APS.

«Je peux dire, pour l'instant, que c'est une très bonne décision et c'est une ouverture s'il y a un suivi permettant de la mettre en application assez largement et qui permettrait particulièrement aux chercheurs Algériens d'accéder à ces documents», a déclaré le directeur général des Archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, qualifiant la décision de M. Macron de «très positive».

Chikhi explique que cette décision intervient en réponse surtout à «une action de la famille universitaire française qui avait envoyé des pétitions au président français lui demandant d'ouvrir les archives et surtout la levée des restrictions qui avaient été faites concernant ce qu'ils appellent secret défense».

Le DG des Archives nationales a aussi relevé l'importance d'»attendre les dispositions qui seront prises sur le plan législatif comme le souligne le communiqué de la présidence de la République française et sur le plan réglementaire vis-à-vis de ce qui est appelé secret de défense nationale et également le respect de la sécurité nationale et d'un certain nombre de contingences que tous les Etats sont tenus de respecter».

«Ce que nous pouvons dire pour l'instant c'est que l'accès sera un peu plus ouvert, surtout que la période concernée est une période très importante pour l'histoire de l'Algérie. Elle se situe entre les années 1920 et 1970", a-t-il fait remarquer, rappelant quelques étapes qu'a connues cette période dont certains développements de la colonisation notamment avant le centenaire de 1930 où «la colonisation s'est exprimée d'une façon assez abjecte et fêtait une centaine d'années de misère et d'application de loi très dures vis-à-vis des Algériens», ainsi que la période 1942-1943 (Manifeste du peuple algérien) et celle de 1945 (manifestations réprimées dans le sang).

«Donc, il y a un certain nombre de faits très importants et nous sommes dans la période la plus dense de l'histoire de l'Algérie en matière politique et en matière de rapport entre l'Algérie et la France», a-t-il dit, insistant sur le fait que ce déclassement est «une première étape».

Un geste et quelques «appréhensions»

De son côté, l'historien Mohammed Ould Si Kaddour El-Korso a estimé que la décision du Président français est «positive», et qu'elle s'inscrit dans le dégel des relations entre l'Algérie et la France.

L'historien a exprimé, toutefois, des «appréhensions» quant à d'»éventuels» blocages quant à son application, soulignant que la décision est, pour l'heure, «politique et non administrative». Il a aussi émis des réserves quant au début de son application. «Je crains que cela prendrait du temps», a confié l'historien.

Selon lui, «différents subterfuges pourraient être trouvés par des administratifs (archivistes) afin d'empêcher un accès total à ces archives, comme la non-classification de certaines archives par manque de personnel ou une sélection préméditée de ces documents», a-t-il mis en garde, soulignant l'importance «extrême» des documents liés à la torture, aux exécutions sommaires ou encore celles se rapportant à la bataille d'Alger.

M. El-Korso a ajouté : «Il est temps que les archives de la révolution algérienne soient mises à la disposition des lecteurs algériens».

Pour rappel, le président français Macron a décidé mardi de faciliter l'accès, dès ce mercredi, aux archives classifiées de plus de 50 ans, y compris celles relatives à la guerre de libération nationale. Cette décision a été prise afin de «permettre aux services d'archives de procéder aux déclassifications des documents couverts par le secret de la défense nationale jusqu'aux dossiers de l'année 1970 incluse», avait précisé un communiqué de la présidence de la République française.