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Ce nuage rouge sang entre l'Algérie et la France

par Amine Bouali

Un laboratoire français a dévoilé, ce mercredi 24 février, une étude sur le nuage de sable provenant du Sahara algérien qui a recouvert, dix-huit jours plus tôt, une partie du ciel de l'Hexagone et l'a teinté d'une étrange couleur ocre. Ce laboratoire a révélé avoir décelé, dans ces mystérieux grains de poussière, des traces de Césium-137, un radioélément artificiel qui n'est pas présent naturellement dans le sable et qui est un produit issu de la fission nucléaire. Cet institut a immédiatement fait le lien avec les 17 essais nucléaires menés par l'armée française de 1960 à 1966 dans le sud de l'Algérie.

En parallèle à la publication de cette étude dans la presse, un conseiller scientifique de ce laboratoire a pris soin de rassurer ses compatriotes quant aux risques de contamination radioactive sur le territoire français, qui sont inexistants d'après lui. Il a eu la probité de préciser néanmoins que «ces risques étaient plutôt pour les gens sédentaires ou nomades de la région du Sahara algérien, car eux, ils ont cet environnement qui est constamment pollué depuis longtemps» a-t-il souligné. «Nous, ce n'est qu'un passage».

On aurait aimé l'entendre ajouter sur sa lancée (mais ce n'est certainement pas son rôle puisqu'il n'est pas un responsable politique) : «Pour nous, ce nuage rouge sang, c'est un banal fait divers en pages intérieures de nos journaux mais pour les Algériens, c'est bien plus tragique que cela. Pour nous, c'est un dommage collatéral ancien de la guerre mais pour les Algériens, ce sont des traumatismes encore perceptibles aujourd'hui. Pour nous, c'est la France coloniale et oppressive d'hier mais pour les Algériens, c'est l'Algérie blessée, ressuscitée et épanouie de demain».

Ces paroles de justice et d'amitié, c'est peut-être les excuses que le peuple algérien attend de la France pour solder le passé douloureux de la colonisation.