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La SEOR demande des lâchers d'eau à partir des barrages : Situation de l'AEP... les voyants au rouge !

par Houari Barti

  Depuis l'ère coloniale, la wilaya d'Oran a presque toujours eu des difficultés à alimenter ses habitants en eau potable. Une situation qui a pourtant, à la faveur des importants investissements contractés par les pouvoirs publics dans le dessalement d'eau de mer durant les années 2000, connu une amélioration notable permettant pour la première fois à la wilaya à s'auto-suffire en AEP.

Mais aujourd'hui cette solution du dessalement qui avait suscité beaucoup d'espoirs, semble désormais faire face à ses limites dans un contexte de crise pluviométrique qui fait craindre le pire. La station de dessalement d'eau de mer d'El Mactaâ, l'une des plus importantes d'Afrique, avec une capacité de production de près de 500.000 m3/jour, ne cesse de réduire, d'année en année, sa production.

Ceci sans compter les arrêts inopinés de plus en plus fréquents que subit la station à cause, notamment, de problèmes techniques, avec des conséquences aujourd'hui palpables sur l'ensemble du système d'approvisionnement de la wilaya en eau potable. Selon le directeur de production et distribution AEP au niveau de la SEOR, M. Amine Chaouch, un arrêt technique est programmé fin février pour justement permettre une augmentation de la production et revenir à des volumes de production acceptables.

Pour M. Khelifa Yahiaoui, gestionnaire de la production pour la zone ouest, au niveau de la SEOR, la seule solution qui se présente actuellement pour limiter l'impact de la crise de pénurie de la ressource, c'est de prévoir des lâchers d'eau à partir des barrages de Boughrara et de Sekkek afin de reconstituer les stocks de la wilaya en eau potable. Des demandes ont été effectuées dans ce sens au ministère de tutelle pour répondre à des besoins estimés à 50 millions de m3 par an, précise par ailleurs le même responsable. La visite guidée organisée mercredi par la SEOR au profit de la presse au niveau de quelques-uns des ouvrages hydrauliques de la zone ouest a permis de prendre la mesure de la situation. Première étape de la visite, la station de prétraitement de Tafna qui prend en charge les eaux du oued du même nom.

Un oued aujourd'hui quasiment à sec. En dépit de ses 32 ans d'âge, la station reste en assez bon état car très bien entretenue, selon M. Kalach, responsable production et distribution de la SEOR, mais au niveau de la salle de contrôle de la dite station tous les voyants étaient au rouge ce mercredi car, à défaut d'eau, toutes les pompes étaient à l'arrêt.

Ironie du sort, la station de dessalement d'eau de mer de Chatt El Hilal, deuxième point de visite, était également à l'arrêt à cause d'une fissure qui a touché une de ses principales conduites la veille. Un incident qui a provoqué une alerte générale parmi l'ensemble des gestionnaires et le déplacement en urgence vers Beni Saf du PDG et du DG de la Beni Saf Water Company, société mixte qui gère la station et dont le siège social se trouve à Alger. Plusieurs équipes se relayaient en H24 pour réparer la fissure dans un délai qui ne devait pas dépasser les 48 heures, faute de quoi l'approvisionnement en eau potable aussi bien d'Oran que de Aïn Témouchent allait être considérablement perturbé. La station, considérée comme l'une des plus performantes en Algérie, produit quotidiennement près de 200.000 m3, dont une part de 100.000 m3 destinée à la wilaya d'Oran. Au cratère de Dziouia, qui dispose d'une capacité de stockage de 13 millions de m3, la situation n'est pas bien meilleure. Les réserves d'eau actuellement disponibles au niveau du cratère ne dépassant pas les 4,8 millions de m3.