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Espaces publics: A quand la classification détaillée des espaces verts?

par S. M.

Y a-t-il un projet de privatisation des espaces verts à Oran ? Le projet de mise en concession des espaces verts de la ville d'Oran, annoncé récemment par les autorités locales, ne semble pas faire l'unanimité. Des écologistes locaux redoutent que ce projet lancé en grande pompe ne soit finalement une « ruse » pour liquider les derniers espaces verts de la ville.

Certes la superficie des espaces verts de la ville a plus que doublé en l'espace de quelques années à Oran pour passer de 100 à 250 ha, notamment après l'éradication des gares routières de Castors et El Hamri, mais les défenseurs des espaces verts craignent que ce projet de « privatisation déguisée » soit le début de la liquidation de ces terrains. Le premier reproche fait à ce projet est que ces initiateurs transgressent les textes de loi portant sur la protection des espaces verts et en particulier la loi 07/06 relative à la gestion, à la protection et au développement des espaces verts. Ce texte de loi a pour objet « de définir les règles de gestion, de protection et de développement des espaces verts dans le cadre du développement durable, pour (...) améliorer le cadre de vie urbain, entretenir et améliorer la qualité des espaces verts urbains existants, de promouvoir la création d'espaces verts de toute nature, de promouvoir l'extension des espaces verts par rapport aux espaces bâtis, de faire de l'introduction des espaces verts, dans tout projet de construction, une obligation prise en charge par les études urbanistiques et architecturales publiques et privées ». Ils estiment également que l'exploitation commerciale de ces espaces verts aura des conséquences fâcheuses et générera des préjudices à l'écologie. Les opposants à la concession des espaces verts urbains affirment que les collectivités locales se soucient peu de la préservation du caractère écologique de ces espaces, mais elles espèrent seulement renflouer leurs caisses vides. Imposer à des citoyens de payer un droit d'entrée de 20 DA à un espace public est une violation caractérisée de la réglementation en vigueur. « C'est inconcevable ! Même à New York, le cœur du capitalisme, les randonneurs ne payent pas un sou pour accéder au Central Park », dénonce cet Oranais. Le projet de concession des espaces verts pourrait ouvrir les portes à toutes sortes de dérives et certains pourront profiter de cette « brèche » pour s'accaparer ces espaces publics, avertissent des écologistes.

Les appels de la société civile pour la préservation des espaces verts, à Oran se font désormais insistants en raison des convoitises des prédateurs du foncier. Que ce soit à Bir El Djir, à Belgaïd, à Oran-ouest ou dans les communes périphériques, les espaces verts font de plus en plus l'objet de convoitises. La tension sur le foncier à Oran a poussé certains à squatter ces espaces verts profitant du laxisme des services concernés et de l'inexistence d'un recensement détaillé de ces espaces. La dernière actualisation de l'inventaire des espaces verts à Oran remonte à 2010 dans le cadre de la loi 07/06, précise-t-on.