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Une nation sur cale

par Abdou BENABBOU

Les dernières mesures de déconfinement prises par les autorités gouvernementales ont donné naissance à moult appréciations, dont la principale est l'alerte contre les dangers d'un tel élargissement. La menace est assurément évidente, mais il devenait inconcevable d'embrigader la population en la maintenant éternellement sous anesthésie et empêcher sa majorité de se mouvoir et de s'articuler pour tenter de gagner un bout de sa vie.

On devine que la décision du gouvernement n'a pas été facile car il est toujours pénible de gérer des vies et si effectivement des relents politiques sont en toile de fond, la responsabilité gouvernementale mise sérieusement à mal par la pandémie n'avait de cesse de les tarabuster avec le souci de réveiller une autre vie, l'indispensable revitalisation de l'activité économique. L'énorme problématique plaçait le pays comme le reste du monde dans une situation cornélienne où il s'agit de préserver des vies tout en étranglant les impérieux artifices qui animent et justifient ces vies.

Ce sérieux problème existentiel ne dispose d'aucune posologie confortable à telle enseigne que pour certains, parmi les plus damnés, il ne restait que la recette du suicide.

N'en déplaise à de nombreux pessimistes, il était impossible de mettre une nation entière sur cale et contraindre une masse importante de la population, déjà confinée dans la désespérance quotidienne, à la recherche pénible de petits moyens de subsistance, de se recroqueviller sur elle-même et de rester aux portes d'une drôle d'euthanasie.

Depuis une année, au fil des jours, la pandémie n'a pas arrêté d'étendre sa perversité et les drames n'ont pas cessé. Malgré le tintamarre mondial autour des nombreux vaccins encore au stade hypothétique, il n'est pas certain que l'épidémie soit encline à rebrousser chemin. Il devient de plus en plus évident que face au virus perfide, seule la responsabilité individuelle de chacun devra avoir cours. La difficulté pour l'affronter ne saurait se suffire des contraintes administratives qui tout compte fait montreront leurs limites. Ne compter que sur les parades organisées par les autorités ne suffit pas car il est aujourd'hui prouvé que leur responsabilité a l'impérative exigence d'être partagée avec chaque individu. Mieux : le fléau devra être affronté d'abord par chacun pour que la vie humaine et la vie économique aient un sens.