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Spoutnik V produit localement: L'Algérie face à un grand défi

par Houari Barti

Le projet de production locale du vaccin anti-Covid russe Spoutnik 5 met l'Algérie face à un défi de taille, celui de se doter de laboratoire de type P4 (Pathogène de classe 4), un type de structures spécialisées que l'Algérie peine à concrétiser depuis plusieurs années déjà.

C'est le constat dressé hier par Noureddine Boudissa, directeur général de l'organisme d'accréditations (Algerac) lors de son passage à l'émission radiophonique, « l'Invité de la Matinale » de la Chaine 1.

« Pour s'assurer de la qualité de tout produit, il est indispensable de disposer de laboratoires répondant aux conditions et aux normes internationales », a ainsi affirmé, en préambule, le DG d'Algerac avant de souligner : « Nous avons tenté, depuis plusieurs années, en Algérie de nous doter de laboratoires répondant à ces normes. Cependant, il est impératif aujourd'hui de rattraper ce retard en adoptant une stratégie spéciale dans le domaine impliquant aussi bien le secteur public que privé, ainsi que le secteur de la recherche scientifique afin de lui garantir le succès et l'efficacité escomptés ».

Répondant à une question portant sur l'objectif de l'État d'exporter 5 milliards de dollars hors hydrocarbures, l'invité de la Matinale a expliqué qu' « un ensemble de mesures doivent être adoptées pour qu'on soit en mesure de surmonter les obstacles qui l'entravent ». Parmi ces mesures, il a cité la nécessité d'«élaborer une liste de produits exportables, définir une stratégie pour protéger ces produits et mettre les moyens pour garantir des capacités d'analyse à ces produits afin de s'assurer qu'ils remplissent les conditions de commercialisation à l'étranger ». A ce propos, a-t-il détaillé, « il est indispensable de disposer d'un laboratoire spécialisé certifié et d'inspecteurs pour assurer le contrôle et le suivi du produit, tout en disposant d'une certification à la norme ISO ?17065? (norme qui comporte des exigences portant sur les compétences, la cohérence des activités et l'impartialité des organismes de certification de produits, processus et services). A ce titre, le premier responsable d'Algerac rappelle qu'à l'heure actuelle, « on a encore recours à des laboratoires étrangers pour réaliser cette opération de certification, ce qui maintient notre dépendance de l'étranger et pénalise les capacités concurrentielles du produit national face au produit étranger ». S'exprimant à propos de l'annonce faite par le ministère du Commerce pour accorder l'agrément à 42 laboratoires au cours de l'année en cours, M. Boudissa a révélé qu'à ce jour, trois laboratoires affiliés au ministère du Commerce ont déjà eu l'agrément en attendant l'agrément 34 autres », avant d'afficher la disponibilité de l'organisme qu'il représente « à traiter avec tous les segments du secteur privé qui expriment le désir de rejoindre le réseau des laboratoires, estimant que « d'ici la fin de l'année en cours, nous aurons un réseau capable de répondre aux besoins requis ».

L'intervenant a souligné enfin, « la nécessité d'adopter une politique de diversification pour ces laboratoires afin d'inclure les différents secteurs stratégiques, en prenant soin de les répartir sur les différentes régions du pays afin de relever la qualité des produits algériens ». Des exigences qui doivent être accompagnées par l'impérieuse nécessité d'une mise à niveau du cadre législatif algérien afin de rendre la certification obligatoire et permettre ainsi, à terme, une diversification de nos exportations, hors hydrocarbures ».