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Malaise social, érosion du pouvoir d'achat: Les syndicats autonomes tirent la sonnette d'alarme

par M. Aziza

Le malaise social ne cesse de s'accentuer, avec l'érosion du pouvoir d'achat et la baisse continue de la dévaluation du dinar, ainsi que la crise de l'emploi provoquée essentiellement par la pandémie du coronavirus. Selon les estimations des pouvoirs publics, quelques 500 000 emplois ont été perdus depuis le début de la pandémie du coronavirus.

La montée du malaise social commence à inquiéter les milieux syndicaux mais aussi gouvernementaux. Les syndicats autonomes réunis sous la coupe de la Confédération des syndicats algériens (CSA), le week-end passé, préviennent que «le front social est en ébullition» et présagent «une explosion sociale en raison des tensions sociales préoccupantes».

Notamment, précisent les membres de la CSA, avec les nouvelles déclarations du directeur général de la Caisse nationale de retraite (CNR), Slimane Melouka, qui avait écarté toute possibilité d'un retour à la retraite anticipée ou proportionnelle. La Confédération des syndicats algériens (CSA) s'est montrée, une nouvelle fois, très critique à l'égard de la politique menée par les pouvoirs publics qui ont laissé un cumul de revendications qui traine depuis des années. Tout en appelant à un dialogue social sérieux en urgence, les syndicats autonomes ont réclamé encore une fois, la valorisation du point indiciaire et la préservation du pouvoir d'achat, ainsi que la création d'un observatoire national pour le protéger. Ils continuent à réclamer le retour à la retraite proportionnelle et sans condition d'âge en tant que droit acquis suite aux luttes syndicales depuis des années. Et d'exiger la publication immédiate du récépissé d'enregistrement de la Confédération dont le dossier a été déposé en novembre 2018. En considérant que cette tergiversation dans le traitement de ce dossier est considérée comme une restriction claire des libertés syndicales.

Les syndicats autonomes n'arrivent pas à comprendre le fait que plusieurs syndicats du secteur ont été enregistrés, en citant l'enregistrement du syndicat des surveillants et celui des surveillants généraux, en laissant- pour-compte une confédération qui regroupe 13 syndicats de différents secteurs.

CNR et CNAS: Les syndicats exigent une transparence financière

Les syndicats autonomes, ont dans leur communiqué sanctionnant leur rencontre, exigé plus de transparence sur les résultats financiers de la caisse nationale de retraite (CNR) et la révision du système de gestion de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNAS). Contacté par nos soins, le porte-parole de l'UNPEF, Abdelwahab Lamri Zegar, a affirmé que le Conseil d'administration de la caisse nationale de retraite est appelé à divulguer les résultats financiers de la CNR, étant donné que les ressources financières de la CNR, sont prélevés des salaires des travailleurs et proviennent des cotisations des employeurs.

Pour rappel, le directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR), Slimane Melouka avait affirmé récemment que le déficit financier de la caisse s'élevait à 700 milliards DA, relevant que ce déficit était stable depuis 2019. Pour le porte-parole de l'UPNEF, les employés devront avoir un droit de regard sur le résultat financier de la CNR « car on entend souvent parler de transfert des ressources financières de la CNR vers des politiques sociales qui ne concernent pas les retraités, on ne connait pas la véracité de ce genre d'informations, ce qui nous pousse à demander des comptes à la CNR, pour analyser en profondeur ce problème de déficit, une fois pour toute ». Pour ce qui est des services de sécurité sociale, les syndicats ont exigé la révision du système de remboursement notamment les actes et les soins médicaux qui restent dérisoires. «Des remboursements de 80 DA pour une consultation de 1 200 DA. Pour les soins dentaires, le remboursement ne dépassent pas les 40 Da et 100 pour les soins d'ophtalmologie », dénonce le porte-parole de l'UNPEF. Et de mettre l'accent sur la nécessité de revoir le taux de gestion des services de la CNAS qui selon, M.Zegar, tourne autour de 30 %. Ce taux est très élevé du moment qu'il s'agit de cotisations des travailleurs. Et de s'interroger « pourquoi, l'on continue à prélever les cotisations de la retraite anticipée alors qu'elle est bloquée par les pouvoirs publics ?»

«Schizophrénie syndicale»

Les syndicats autonomes membres de la CSA se sont dits étonnés de la position de «certains organes syndicaux connus pour leur loyauté envers les politiques gouvernementales et prétendent défendre le droit à une retraite anticipée sans condition d'âge, même si ce sont les mêmes qui ont récemment plaidé pour son annulation», lit-on dans le communiqué parvenu à notre rédaction.

La CSA met en garde contre ce genre de «schizophrénie syndicale» et appelle également tous les rassemblés sous sa bannière à initier une coordination en vue de structurer les coordinateurs de la Confédération, pour défendre les droits des travailleurs et faire valoir leurs revendications.