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La pâleur d'une façade

par Abdou BENABBOU

Le gouvernement Djerad subit actuellement un véritable tir de barrage. La panoplie des reproches et des griefs qui lui sont adressés de toutes parts seraient de bonne guerre s'ils s'inscrivaient dans une activité politique normale dans un pays où le pouvoir, les institutions et le peuple étaient régis par un fonctionnement d'une normalité sans faille avec une nécessité d'avancer vers plus de progrès. En admettant que tous les membres du gouvernement ne disposent pas d'une carrure solide et adéquate pour assumer leurs lourdes responsabilités, il est à convenir à leur décharge que la crise actuelle par ses facettes et ses complexités ne leur permet pas de bénéficier d'une liberté de mouvement dans leurs activités.

Leurs choix posent sans doute problème, mais pouvaient-ils s'assumer convenablement dans un parterre économique, politique et social tracé par des décennies de gouvernance déglinguée où la gabegie et l'opportunisme d'un effarement tel qu'ils sont allés s'incruster dans la profondeur de l'âme d'une large proportion de la population ? Vouloir tout et tout de suite relève de l'enfantillage et aucun gouvernement au monde ne serait capable de répondre aux innombrables sollicitations populaires du moment.

Les terribles effets sans commune mesure de la pandémie actuelle mis de côté, il restera l'objectivité de scruter en bonne conscience le parcours du pays au cours de longues années pour se rendre compte avec désarroi à quoi son itinéraire a répondu. Il est tout de même surprenant de constater que ceux qui ont mené le pays à la ruine soient les premiers à pester et à tenter de mettre l'actuel gouvernement en difficulté. S'il ne doit en aucun cas être dédouané pour la pâleur de sa façade, il doit être surtout question de plutôt défricher en profondeur les structures politiques qui ont conduit à l'emporte-pièce l'Algérie là où elle est aujourd'hui.

Pour un besoin de stabilité impérieuse dans ces moments difficiles, on doit comprendre qu'il est de l'ordre de l'impossible de renvoyer tout le monde politique chez lui. Mais il n'est pas non plus possible de s'arrêter seulement sur la nonchalance d'un ministre ou d'un gouvernement.