Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les communes, la réfection des trottoirs et les élections anticipées

par Ghania Oukazi

En attendant que des élections communales anticipées soient décidées et leur fin de mission actées, de nombreux P/APC soutenus par leurs APC s'activent à réfectionner trottoirs, chaussées, rues et routes sans fixer de délais précis aux travaux engagés et sans se soucier de leurs résultats.

Certains quartiers d'Alger-centre et de banlieues comme Cheraga, Ben-Aknoun, Dély Brahim, Zéralda et autres Sidi Fredj sont mis sens dessus dessous à cause des travaux de réfection qui sont lancés pratiquement dans toutes les rues et routes. De toutes les communes de l'ouest algérois, Staoueli pourrait décrocher la palme d'or dans la gestion de ces travaux en question. Il y a plus d'un mois, l'APC de Staoueli a décidé de débarrasser ces quartiers du littoral algérois des nids de poules, des crevasses, des gondolements qui empoisonnent la vie des automobilistes et détraquent leurs véhicules. Tout Staoueli est en réfection. Le drame est que les travaux durent à n'en pas finir. Sur un tronçon reliant le côté-ouest de la commune à celui-est par un détour longeant les parallèles de l'avenue principale, les travaux sont menés dans un désordre hallucinant. Les engins sont quotidiennement déplacés d'une ruelle vers une autre, en obstruant l'une ou l'autre. Mais le plus curieux est qu'à l'ouverture de la ruelle fermée pour travaux, les usagers constatent que les crevasses sont toujours là. Jeudi, l'entreprise de réfection a fait un peu mieux en bricolant la réfection de petites parcelles des rues en les comblant de bitume, ici et là, un procédé d'un trompe l'œil honteux. A la question qui décide de travaux de réfection des rues des communes ? Un ancien maire nous a répondu hier « c'est le P/APC qui propose et l'APC décide, c'est elle qui lui demande des comptes».

Il note que «tout projet est délibéré par l'APC mais doit être approuvé par le chef de daïra». Interrogé sur ses éternels chantiers censés redonner une nouvelle vie aux trottoirs et aux rues et routes, dans les communes, le maire soutient que «ces travaux durent à cause d'une mauvaise coordination voire son absence entre les différents services qui interviennent, à ces niveaux, comme la Sonelgaz, Algérie Télécoms ou les services des eaux, aucun d'entre eux ne coordonne avec l'autre pour éviter de casser et replâtrer des tronçons».

Les partis politiques aux aguets

Un grand nombre de communes ont, selon des cadres, décidé de lancer des travaux de réfection de leur réseau routier notamment après la chute des dernières pluies dont la force et les quantités ont emporté bitume, dalles et carrelages sur leur passage. Staoueli déploie, depuis longtemps, les engins des Travaux publics, un peu partout sur les chaussées et tout ce qui les entourent plongeant l'environnement des usagers sous les amoncellements de remblais, des barrières, d'équipements lourds....Le dénominateur commun de l'ensemble des communes de la capitale est que le passage des camions de nettoiement n'a pas d'horaire fixe. Hier soir, tous les trottoirs du centre d'Alger aux alentours de plusieurs banlieues débordaient de sacs poubelles. Ce décor pourri dénote d'un laisser-aller qui n'a jusque-là dérangé aucune autorité.

Bien que la loi électorale n'a pas encore été finalisée selon les propres aveux du président des experts qui ont la charge de la mettre au point et de celui de l'ANIE, les APC semblent vouloir opter pour dépenser leurs derniers sous dans des travaux sans fin. L'ancien maire que nous avons interrogé hier sur ces pratiques souligne que « une fois qu'un bilan d'un P/APC est approuvé par l'APC, il est transmis à la Cour des Comptes, en cas d'anomalie, celle-ci réagit pour en avoir les explications»

L'on pourrait penser, nous disent des responsables que «sentant leur fin venir en prévision d'élections législatives et communales anticipées, les Assemblées élues font semblant de travailler pour tenter de se faire réélire »

Ce n'est que ces dernières heures que les partis politiques commencent à bouger pour se prononcer sur la loi organique électorale. Leur sursaut quelque peu tardif laisse croire, selon certains de leurs militants, que «les partis craignent d'être supplantés par des indépendants au regard de l'attention et l'encouragement du président de la République à la société civile ».

Ces difficultés qui handicapent le président

Les cartes (politiques) ne sont pas toutes jetées mais le jeu paraît complexe pour l'organisation d'élections législatives et communales, dans une conjoncture jugée difficile. L'absence du président de la République des commandes de l'Etat et du pays pendant plus de deux mois a davantage ébranlé le semblant «d'activisme» dont veut faire preuve le gouvernement Djerad. Une fois revenu au pays, Abdelmadjid Tebboune n'a pas caché son mécontentement à ce propos en avouant que «la responsabilité (accumulée) devient plus difficile». Il sait que les ministres se sont pratiquement relayés pour lancer bourde après bourde, sans craindre le ridicule. Les affaires de l'Etat sont cependant restées en suspens. Loin du pays, le président ne savait peut-être pas que la commission Laraba ne pouvait pas finaliser la loi électorale «en 10-15 jours » comme il l'avait ordonné par son tweet du 13 décembre dernier. Mise en place depuis de longs mois, la commission n'a pas expliqué à quoi est dû ce retard. Le président de l'ANIE a juste promis que le travail sera achevé «dans de brefs délais». Il a quand même précisé que « c'est une instruction du président de la République ». Ce retard pourrait ne pas être le seul qui risquerait de bouleverser l'agenda politique que Tebboune pense mettre en œuvre. Tout autant que «la difficile responsabilité» qu'il a évoquée à son retour, d'autres contretemps conjugués aux lacunes et aux inepties qui déparent les actions du gouvernement, décourageraient les volontés les plus farouches.