Le vice-président du Syndicat national algérien des
pharmaciens d'officine (Snapo), le Dr Zefisef, a affirmé hier que plus de 300 traitements sont
concernés par des situations de pénurie sur l'ensemble du territoire du pays,
touchant tous les types de médicaments sans exception, qu'ils soient liés à des
maladies chroniques ou à des maladies régulières qui sont incluses dans la
médecine générale. Et pour les pharmaciens comme les patients, il y a urgence.
« C'est la panique dans les pharmacies, de plus en plus de médicaments manquent
à l'appel et la situation ne cesse de s'aggraver ces derniers mois, y compris
pour des traitements vitaux : antibiotiques, vaccins, corticoïdes, traitements
contre l'hypertension, l'épilepsie et même les traitements contre le cancer. Le
problème de la pénurie ne réside pas dans le nombre de médicaments, mais dans
les causes, les facteurs, les implications et les solutions. Tout médicament en
rupture aura des répercussions directes et immédiates sur la santé de milliers,
voire de millions de patients. Nous soulignons que nos statistiques sont basées
sur un meilleur partage de l'information sur le terrain entre les 48 bureaux du
pays et avec les pharmacies, et nous confirmons que pas moins de 302
médicaments sont en situation de rupture. Ces médicaments sont comptés selon la
marque déposée officiellement pour chaque médicament de la liste nationale.
Sachant que l'enregistrement des médicaments dans la liste nationale se fait
individuellement et sous son nom commercial. Et chaque médicament a son propre
numéro d'enregistrement. Au quotidien dans les officines en tout cas, c'est
très compliqué et certains patients sont très inquiets ». Le vice-président a
par ailleurs réagi aux « chiffres déclarés par certains et qui dépendent à la
dénomination commune internationale DCI. Leur objectif n'est rien d'autre que
de sous-estimer l'ampleur de la pénurie, et une tentative désespérée de cacher
la vérité aux autorités et à l'opinion publique. Car chaque désignation
mondiale lui correspondent, dans la liste officielle
nationale ou sur le marché national, pas moins de deux à dix médicaments. Il y
a environ un mois, le ministère de l'Industrie pharmaceutique a annoncé
l'enregistrement de 342 nouveaux produits et prévoit d'en enregistrer 400
autres dans un proche avenir. Ceci confirme et valide nos chiffres et notre
méthode de présentation et de dénombrement des médicaments manquants par notre
syndicat. Nos interventions et nos déclarations sont exceptionnellement
orientées vers une direction professionnelle, technique et pratique, mais
certaines personnes n'acceptent pas qu'on parle de pénurie de médicaments et
vont plutôt nier l'existence de pénurie. Est-il raisonnable de parler
d'amélioration des conditions de vie des citoyens dans les zones d'ombre ? Et tous les responsables de l'Etat parlent de la nécessité de
relier ces zones au gaz naturel, au réseau électrique, aux canaux d'eau, et de
déchiffrer leur isolement en ouvrant des routes, et d'autres vont nous
criminaliser quand on parle de la pénurie des médicaments, allant même jusqu'à
accuser les citoyens de causer la pénurie après avoir eu recours à l'achat et à
la demande excessive de médicaments et d'automédication, en particulier en ce
qui concerne les médicaments inclus dans le traitement du Covid-19 ».
Dénonçant les accusations portées contre son syndicat, selon lesquelles le Snapo s'oppose aux réformes gouvernementales ou soutient
les importations aux dépens de la production nationale, M. Zefisef
Abdelhak a vivement condamné ces accusations. « Nous
condamnons fermement ces déclarations très graves qui mettent en question notre
intégrité et notre patriotisme. Devant ces accusations offensantes, nous leur
répondons que notre syndicat est connu par tous pour ses positions courageuses
qui priment l'intérêt suprême du pays ! C'est surtout l'absence de dialogue,
voire la prise de décisions unilatérales et irréfléchies, qui sont parmi les
raisons qui ont mené le marché de médicaments vers ce qu'il est aujourd'hui et
ce, malgré le discours du président de la République prononcé à la nation à
l'issue de sa prestation de serment en appelant les Algériens à mettre la main
dans la main pour l'édification d'une nouvelle république forte et respectée
pour éviter des lendemains incertains ». Le vice-président a ajouté qu'« il est
de notre devoir en tant que pharmaciens et en tant que syndicat national
algérien, ayant la conscience professionnelle, d'alerter les autorités et
l'opinion publique sur tout ce qui affecte la santé des citoyens, et de
dénoncer tous les problèmes, manipulations et pratiques qui affectent la stabilité
du marché de médicament. Il convient de mentionner l'article 205 de la loi sur
la santé, qui stipule que l'État garantit la disponibilité des médicaments pour
les citoyens en tant que droit de santé fondamental, en tout lieu et à tout
moment ».