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Le Comité scientifique en première ligne

par Ghania Oukazi

C'est en fin de compte le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus qui est chargé d'acquérir le vaccin contre le COVID-19 et de procéder à la vaccination des Algériens, dès janvier prochain.

C'est le président de la République qui en a décidé ainsi dimanche, en instruisant son Premier ministre de se réunir « sans délais » avec le Comité en question en vue de choisir le vaccin « adéquat anti-COVID-19 et de lancer la campagne de vaccination à partir de janvier.» En plus de « compter » toutes les 24h, les cas de guéris, contaminés et de morts par le COVID-19, le Comité dont le porte-parole est le Professeur Djamel Fourar, a cette mission délicate de choisir le vaccin qu'il faut pour piquer les Algériens afin de les prémunir contre la contamination par le coronavirus. Le Comité devra peser l'efficacité du vaccin pour lequel il va opter mais surtout en anticiper les conséquences et les effets secondaires que les peuples du monde entier craignent et appréhendent profondément. Sa responsabilité dans ce sens sera en principe entière et totale à travers le choix qu'il fera.

Au-delà, il y a ces interrogations qui ont surgi depuis dimanche, dès que le communiqué faisant état de l'instruction du président de la République a été rendu public. Interrogations qui ressemblent à celles posées après son message diffusé, mercredi dernier, sur son compte ?Twuiter'. L'on interroge sur le «pourquoi du choix du Comité « Fourar » et pourquoi le recours au tweet pour instruire le Premier ministre ». Mieux, la décision de Abdelamadjid Tebboune vient balayer d'un revers de la main l'ensemble des déclarations officielles, rendues publiques à ce jour, à propos de l'acquisition du vaccin anti-COVID-19. « Nous sommes en phase finale de contacts et de négociations, et nous annoncerons, en temps opportun, le nom du vaccin anti-coronavirus que nous aurons choisi pour protéger la santé des citoyens», a déclaré Djerad, samedi dernier, à partir de M'sila où il était en visite officielle. En novembre dernier, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière a avancé que « nous avons eu des contacts avec des laboratoires, des consulats (...) pour l'acquisition du vaccin dès sa disponibilité, selon les normes sanitaires édictées par l'OMS ». Professeur Abderahmane Benbouzid a ajouté que son ministère dispose « de tous les dossiers techniques des vaccins en cours de fabrication, on est en phase d'expérimentation afin d'en choisir un ». Benbouzid a promis que « la décision d'opter pour un des vaccins se fera sur la base des compétences nationales ». Question évidente, c'est de savoir si le Comité Fourar prendra en considération tout ce qui a été entrepris à ce jour par le ministère de la Santé au sujet de l'acquisition de ce vaccin. L'instruction présidentielle qui lui est donnée est de choisir « le vaccin adéquat » mais rien n'explique qu'il le fera à partir « des dossiers techniques » que le ministre de la Santé dit détenir à cet effet.

Que des tiraillements existent entre le président de la République et son gouvernement, il n'y a aucun doute. Ils sont quasiment confirmés par cette nouvelle « sortie » médiatique de Tebboune, qui de surcroît, le fait encore à partir de l'étranger. Il est vrai qu'un tweet ne nécessite pas de « cachet » de la présidence de la République pour prouver que c'est lui qui assume les messages qui y sont diffusés. Sa « griffe » a été sans conteste le son et l'image qui ont été diffusées mercredi dernier. Le reste est considéré comme étant des supputations supplémentaires.

Pourtant, en chargeant le Comité Fourar de choisir un vaccin qui fait l'objet de toutes les analyses du monde, des commentaires, des critiques et des rejets, le président de la République semble reléguer au second plan, voire ignorer son ministre de la Santé ainsi que son ministre de l'Industrie pharmaceutique. Tebboune n'a même pas pensé à instruire son Premier ministre pour les associer à sa réunion avec le Comité. C'est donc le 2ème tweet troublant qui semble démontrer en outre qu'à la présidence de la République, il n'y a aucun responsable que le président pourrait charger de rédiger un communiqué comme il se doit pour faire part de ses décisions à partir de l'étranger.

Plus que quelques jours pour que le monde marque la fin d'une année presque « blanche » dans tous les domaines. L'Algérie n'en est pas épargnée. Le pays attend, cependant, à ce que le président de la République revienne comme il l'a promis, mercredi dernier, pour que les choses se clarifient. L'Algérie observe avec une grande attention la petite semaine qui reste de décembre. « Je prie Dieu pour que je puisse rentrer dans les plus brefs délais, dans deux ou trois semaines », a-t-il dit.