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ES Sétif: Un potentiel à exploiter

par Adjal Lahouari

Au terme du match USMA - ESS, nous avions été impressionnés par la prestation des Sétifiens, surtout en première mi-temps, avec une belle victoire à la clé. Conquis par le football collectif, nous avions titré : « ESS, taille patron ». Déjà, face au RCR, les hommes de Nabil Kouki n'ont pas reproduit la même performance, loin de là, et ont laissé filer deux précieux points. Puis, ce fut la victoire ramenée de Sidi Bel-Abbès aux dépens d'une USMBA décimée, suivie par le succès de mercredi face au NCM. L'objectivité nous oblige à dire que nous avons vu une Entente plutôt laborieuse.

Certes, les Sétifiens ont eu le monopole du ballon, mais sans reproduire les prometteuses séquences de jeu relevées à Omar Hamadi. Après quelques échanges de balles dans leur périmètre, les coéquipiers de Karaoui ont souvent cédé à la tentation des balles en profondeur, évidemment une aubaine pour les visiteurs.

Il a fallu attendre le coup franc de Laouafi pour enregistrer le premier but, d'un beau tir en pleine lucarne. Si l'on précise que le second but a été l'œuvre individuelle de l'ailier Saâdi, on est en droit de poser la question suivante : où est passé le football collectif si cher aux Sétifiens et qui leur permet d'avoir l'étiquette « d'équipe au second souffle » ? Le plus surprenant, c'est que Nabil Kouki n'a pas rappelé à l'ordre ses poulains afin qu'ils utilisent une manière plus rationnelle, c'est-à-dire les passes répétées qui désarçonnent l'adversaire. Si on pourrait accorder des circonstances quelque peu atténuantes, on invoquera l'agressivité des gars du Nejm et, parfois, les irritants tirages de maillots pour réduire à néant une échappée où ces faits sont légion en football. Il revient donc aux Sétifiens de reproduire le jeu qui leur sied le mieux et laisser l'arbitre faire son devoir.

D'ailleurs, fortement contrarié par la résistance des visiteurs, le coach tunisien ne s'est senti rassuré qu'après le second but signé Saâdi. Il était tellement heureux qu'il s'est prosterné au sol. Il s'agit là d'un indice qui traduit clairement ses préoccupations actuelles.

La seconde mi-temps allait confirmer l'impression de la première période, à savoir que c'était une Entente au jeu peu convaincant qui s'est contentée de gérer la rencontre au lieu d'ajouter d'autres buts. Il faut préciser que les occasions franches furent assez rares, les plus nettes étant signées par le jeune Amoura peu en réussite mercredi. Alors, les Sétifiens se sont-ils retenus pour éviter les blessures si fréquentes en ce début de saison inédit ? Ou alors avaient-ils la tête à leur match de coupe de la CAF où ils veulent effectuer un bon parcours ? Les deux suppositions sont plausibles.

Cependant, si la défense montre une rassurante solidité, le milieu abuse des balles en profondeur. Face à la défense avancée du NCM, cela a débouché sur des hors-jeu inopportuns. Par ailleurs, il est indéniable qu'au niveau de l'attaque, l'absence d'un avant-centre se fait cruellement sentir. Avec un « chasseur » de buts, l'ESS serait beaucoup plus efficace. Sauf miracle, ce genre d'attaquant n'est pas disponible dans notre championnat actuellement. Il faudra donc que l'entraîneur tunisien s'attache à améliorer l'ADN de son équipe. A l'Entente Sétif, il y a un potentiel très intéressant à exploiter. On sait que la tâche est ardue, mais pas impossible avec des joueurs talentueux. Donc, et après les trois dernières rencontres, nous pouvons affirmer que l'ESS n'a pas encoure trouvé son rythme de croisière.

Lorsque ce seuil sera atteint, on pourra alors faire de ce club l'un des favoris au titre. L'entraîneur tunisien saura-t-il faire la part des choses ? A voir son impatience et sa nervosité sur la surface technique, on est en droit d'émettre des doutes. Cependant, s'il réussit à nous démentir, nous serons les premiers à faire notre mea-culpa.