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DEFERLANTES

par Abdou BENABBOU

En voilà une autre ! Décapante, elle étourdit l'attention en ces temps de terrible pandémie en rabaissant les hautes prétentions existentielles pour que l'on se rende compte qu'en définitive la consistance du terrien ne tient qu'à peu de choses. La Nouvelle-Zélande vient de déclarer la guerre à l'invasion de la défécation humaine envahissante sur son territoire en la considérant comme prioritaire. Alors que le monde entier a les yeux braqués sur les ravages que provoque le coronavirus, les Néozélandais pointent leur index sur un sujet qu'ils ne considèrent pas comme anodin et en font une préoccupation essentielle pour leur tourisme. Le sans-gêne des touristes a atteint son apogée jusqu'à imposer un vrai problème politique, si délicat que l'on ne sait plus où donner de la tête.

De par leur éloignement, on peut supposer qu'ils vivent sur une autre planète et si ce ne sont que les échos du rugby et du mouton qui nous parviennent de temps à autre, nous pouvons être enclins à penser que leur pays n'est qu'une comète perdue dans la galaxie. Cet égarement de la pensée n'est pas faire insulte à un peuple courageux et laborieux, bien au contraire. Déclarer la guerre aux cacas envahissants des visiteurs étrangers qui prennent leurs aises où bon leur semble a une dimension humaine qui doit ramener nos pieds sur terre et rappelle aussi à tous les hommes, quels que soient leurs statures et leurs poids dans la vie, qu'ils ont l'obligation impérative de se courber pour obéir à un exercice fondamental les rendant tous égaux devant la nature impartiale. Aucune distinction ni faveur ne sont permises et le Congolais comme l'Haïtien ou le Norvégien comme le Suisse ne peuvent à jamais se départir de l'obligation d'un exercice imparable en pliant les genoux. Le rendu biologique ne tient jamais compte de la couleur de la peau ni de celle du pantalon.

Les dégâts de la déferlante de la pandémie a une accointance tout à fait concordante avec l'objet du souci immédiat des autorités néozélandaises. Les deux ramènent l'espèce humaine à sa naturelle dimension. Sauf que pour les deux les raisons pour l'obligation de se confiner ne sont pas les mêmes.