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Tlemcen: Stress hydrique et pêche préventive

par Khaled Boumediene

La situation hydrique continue à se détériorer dans la wilaya de Tlemcen. Les ressources en eau des barrages de Sidi Abdelli, Beni Bahdel et Mefrouche sont presque à sec en raison du déficit de pluie et des températures caniculaires ayant sévi cet été et depuis le début de l'automne.

Ce seuil critique de remplissage jamais enregistré dans la wilaya de Tlemcen a engendré d'importantes conséquences pour les poissons de ces infrastructures hydrauliques en raison du manque d'oxygène dans les eaux. Outre une catastrophe écologique de plus en plus menaçante sur ces peuplements piscicoles, d'importantes quantités de carpes de différents types et anguilles sont mortes. Pour essayer de sauver un maximum de poissons et éviter une catastrophe écologique et la mort massive de poissons, la direction de la pêche et des ressources halieutiques a organisé des pêches de sauvetage au niveau de ces trois barrages. Selon un communiqué émanant de cette administration, des professionnels de la pêche continentale ont été dépêchés pour y effectuer des traits de pêche. Cette opération de pêche préventive s'est soldée par la capture de près de 400 kilogrammes de carpe commune du barrage de Mefrouche, 4.200 kilogrammes de carpe commune du barrage de Beni Bahdel et 4.000 kilogrammes de carpe à grande bouche du barrage de Sidi Abdelli, particulièrement considéré comme réservoir de géniteurs de carpe argentée et carpe à grande bouche atteignant des poids de 20 à 25 kilogrammes en moyenne. Selon la même source, cette opération de pêche d'urgence qui a débuté le mois d'août se poursuit actuellement au niveau de ces trois barrages. Par ailleurs, les imams et citoyens ont accompli dans un climat de piété et de recueillement, samedi dernier, la prière rogatoire « El-Istisqa », pour implorer la pluie et ce, conformément aux instructions du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs et l'appel lancé par les agriculteurs et fellahs du pays.

Aux abords du barrage Mefrouche d'alimentation en eau potable de la ville de Tlemcen, situé sur les hauteurs de la ville de Tlemcen, on peut remarquer que les étendues arides ont complètement remplacé l'immense réserve d'eau de cet ouvrage hydraulique, d'une contenance de 15 millions de mètres cubes. Construit en 1963, ce bassin drainé par l'oued Nachef n'est plus qu'une vaste plaine aride, hormis la petite masse d'eau qui reste cantonnée contre le mur de la retenue. Sur la terre desséchée qui craque sous les pas, des traces de pneus de voitures et scooters sont visibles depuis les rives de l'ouvrage. «Le stockage a atteint des niveaux alarmants, au point que la cuvette de ce barrage s'est complètement asséchée cet été.

La situation est vraiment catastrophique ! C'est la première fois que ce barrage reste à sec aussi longtemps ! Tout le monde dépend de ce barrage qui permet l'alimentation de la population de Tlemcen. Mais aussi les éleveurs des bourgs environnants qui ont des dizaines d'ovins, de bovins et de chevaux à abreuver comme d'habitude dans les cours d'eau alimentant ce barrage.

Ils pâtissent eux aussi de la sécheresse et ne trouvent pas l'herbe pour nourrir leurs troupeaux. «On regarde tous les jours nos animaux souffrir, mais que voulez-vous qu'on fasse, on ne perd pas espoir. On attend les pluies d'automne et également les précipitations de l'hiver prochain qui j'espère seront plus nombreuses », nous expliquait le mois d'octobre dernier un éleveur de moutons de la localité de Mefrouche.