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Blida - Covid-19 : l'inquiétude des habitants

par Tahar Mansour

Sommes-nous devant un remake du début de la pandémie de Covid-19 ? Un remake plus virulent et plus difficile à contenir, selon les plus hautes autorités sanitaires du pays, en la personne du ministre de la Santé qui affirme que ce virus est une grande inconnue et qu'il n'y a aucun médicament pour le contenir ? Jeudi 5 novembre 2020, il y a eu 642 nouveaux cas de contamination en Algérie et 12 décès, c'est un chiffre effarant et effrayant. Au cours des deux ou trois dernières semaines, les Algériens, du moins une grande partie d'entre eux, regardaient avec étonnement la recrudescence des cas de contamination en Europe (France, Italie, Espagne et ailleurs), tout en pensant avoir vaincu le virus. Le point de presse quotidien du comité de suivi du Covid-19 n'attirait plus l'attention et les chiffres allaient decrescendo jusqu'à il y a quelques jours, quand ils sont devenus vraiment inquiétants et que les autorités publiques ont commencé à s'en alarmer, que les citoyens se sont vus vraiment en danger. Les discussions tournent essentiellement autour de la recrudescence des cas de contamination en Algérie et chacun d'accuser son prochain, même si lui-même n'observe pas les règles de distanciation ni ne porte un masque de protection. C'en est devenu anecdotique. Un homme d'un certain âge s'est présenté dans une administration pour régler un problème et, à l'intérieur, la préposée lui intima l'ordre de remonter son masque sur son nez car il l'avait abaissé un peu. Cela aurait pu être anodin si la préposée en question portait elle-même une bavette, alors qu'elle en est obligée par la règlementation beaucoup plus que son visiteur. C'est ainsi que nous sommes devenus, ne voyant que les défauts et erreurs des autres.

Pour revenir à la hausse trop importante des cas de contamination au Covid-19, force est de constater qu'un relâchement a été constaté dès l'annonce de mesures moins restrictives après la baisse des cas il y a de cela deux mois environ. Les gens ont jeté les masques de protection, ils ne font plus attention à l'hygiène ni au lavage régulier des mains. Serrer la main de son vis-à-vis est revenu plus fort que jamais et même les administrations et institutions qui reçoivent du public ont baissé les bras devant l'incurie et l'irrespect d'un nombre trop important de citoyens. Un employé d'une agence d'Algérie Poste nous informa qu'au début, ils ont mis un agent devant la porte pour empêcher quiconque ne portant pas de masque de protection d'y pénétrer : « nous avons été sidérés de voir des gens, empêchés de pénétrer, demander à d'autres de leur « prêter » le masque pour qu'ils puissent entrer ! », c'est vraiment sidérant. Les marchés drainent aussi une grande foule dont à peine trois ou quatre pour cent portent un masque et les dans les bus, nous sommes revenus aux temps de l'avant Covid-19 avec des autobus bourrés de voyageurs, serrés les uns aux autres, sans aucune protection. Avec tout cela, il n'est plus étonnant de revenir à la case départ et réinstaurer un confinement, chose très redoutée par l'ensemble des citoyens qui n'ont de questions que pour cela. Mais, ce qui est plus étonnant, c'est qu'ils n'ont pas peur de la maladie autant que de ne pas travailler, comme s'ils ne croyaient pas vraiment à cela ou qu'ils pensent qu'ils ne seront pas touchés. Quoi qu'il en soit, le mal est là et il faudra prendre toutes les mesures nécessaires pour le combattre, avec le moins de dégâts collatéraux possibles. Mais il faudrait peut-être trouver d'autres moyens pour faire prendre conscience à tout le monde qu'il y a danger en la demeure, quitte à utiliser de manière systématique le recours aux amendes, car c'est ce qui est le plus difficile pour la majorité des gens. Les services de sécurité, qui ont toujours été sur le qui-vive, pourraient concourir grandement à sensibiliser les citoyens et à faire revenir les récalcitrants vers le droit chemin.