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EN ATTENDANT DES JOURS MEILLEURS

par Abdou BENABBOU

Face à la montée du péril sanitaire et ses dégâts de plus en plus visibles, le chef du gouvernement a été, faute de mieux, forcé de rappeler jeudi, non sans véhémence, la nécessité de serrer la vis. Il ne pouvait faire plus que d'insister encore une fois sur la responsabilité de chaque Algérien avec une injonction à utiliser contre la pandémie des palliatifs souvent négligés par une partie de la population.

Parce qu'il devient maintenant confirmé qu'un retour à un confinement élargi n'est pas à l'ordre du jour, les autorités publiques n'ont que le seul choix d'une surveillance accrue car la situation économique et politique n'autorise en aucune manière un nouvel embrigadement qui risque de conduire à l'explosion. Les autorités ne sont pas en position de reproduire les légitimes entorses aux libertés individuelles et sont obligées de réagir par à-coups. La pression sociale est telle qu'il est dangereux de ramener les activités existentielles et renouveler la fermeture des commerces et remettre en berne les mosquées.

Les quelques mesures de rétorsion prises ici et là pour fermer des écoles par des initiatives des walis ont le désavantage d'actes de fermeté isolés car persister à seriner la théorie de prétendues première et deuxième vagues pour une épidémie définitivement ancrée relève d'une supputation erronée. Dans une logique imparable et en se riant des frontières, il était prévisible que le virus n'arrêterait pas ses maléfices. Tant qu'un remède définitif n'est pas trouvé ou inventé, la confrontation entre une féroce épidémie et la liberté du mouvement humain le plus élémentaire, les chiffres et les constats continueront à alarmer.

Au cœur de ce terrible dilemme trônent les imprudences et les inconséquences infantiles humaines. On ne peut se prémunir d'un mortel virus en s'entassant corps contre corps dans un marché populaire ou dans un bus sous prétexte que les abc d'une vie n'ont pas de prix. On ne peut pas non plus au motif de sauver des vies enferrer les primaires articulations qui donnent un sens à la vie. Quand des chefs d'Etat censés être les mieux protégés et soumis de par leurs responsabilités à un isolement contraint permanent, les explications les plus pointues s'enrobent de compréhensions peu digestes pour leur assimilation.

Le coronavirus persiste à prouver que la bataille livrée avec moult artifices dans la contrainte est une lutte personnelle de chacun en attendant des jours meilleurs.