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Constantine: Hommages au Dr Rachid Lezzar, doyen des gynécologues obstétriciens de l'est algérien

par Abdelkrim Zerzouri

Brutalement ravi aux siens à l'âge de 78 ans, le 13 septembre dernier, par ce maudit nouveau virus planétaire, agent causal et redoutable de la covid-19, le Docteur Rachid Lezzar, doyen des gynécologues obstétriciens de l'Est, restera ce phare qui ne s'éteindra jamais, un guide avisé pour tous ceux qui l'ont côtoyé dans sa vie professionnelle et citoyenne. «Un homme exceptionnel, débordant de bonté, de sagesse et de modestie. Il a passé sa vie au service des autres, de par sa noble profession, qui était sa fierté et qu'il exerçait avec dévouement et passion.» Ainsi parlait de lui ses proches, ses amis et collègues, ainsi que les stagiaires qu'il a encadrés durant sa carrière d'hospitalo-universitaire, en tant que maître-assistant à Constantine. Bien-sûr, on ne pourrait résumer sa vie, si intense et si riche en enseignement, en quelques lignes, mais ceux qui l'ont connu et approché tiennent à lui rendre un vibrant hommage, et à travers lui, à tous ceux qui se sont sacrifiés dans les services Covid-19 pour guérir les autres. Durant 33 jours, le Docteur Rachid Lezzar, qui aimait à répéter autour de lui qu'il n'y a pas de naissance sans risque, et qui a fini, lui, par succomber au risque du métier, a lutté jusqu'au bout contre cette terrible maladie, avant de tirer sa révérence sur un lit d'hôpital, au CHU Constantine. Il nous a appris que dans cette vie il faut «vivre et laisser vivre», c'était l'une de ses incontournables expressions du quotidien, soulignent ses proches, dans le cercle familial. Il était du genre à planter un arbre non pas au milieu d'une cour mais à la bordure d'un mur pour en faire profiter son voisin, du genre à donner sans jamais rien attendre en retour, et qui croyait profondément que si l'on n'obtient pas ce que l'on souhaite ici bas dans ce monde c'est parce que Dieu nous l'a réservé dans l'au-delà, retient-on de lui. C'est un homme qui aimait la vie mais également son pays, l'Algérie, dont il savourait la diversité de ses différents patelins à travers ses innombrables et interminables escapades parcourant, dès que les vacances arrivaient, le pays d'Est en Ouest et du Nord au Sud, se remémorent encore ses proches ; cet homme qui avait le choix royal de partir ailleurs mais qui a préféré servir les siens dans son pays, qui sortait à peine du long joug colonialiste au moment de l'obtention, en 1973, de son diplôme de spécialiste en gynécologie. Il effectuera un parcours empreint de persévérance et de responsabilité dans le secteur public, puis en tant que libéral jusqu'aux ultimes instants de sa vie.

 Parmi ses amis, Hassène Bouarroudj se rappelle de lui comme un homme qui a voué toute sa vie au service des autres. Abdelhak Benabderrahmane, qui a côtoyé le défunt de 1967 à 2020, plus d'un demi-siècle durant, parle du Dr Rachid Lezzar avec émotion, évoquant sa moralité irréprochable, sa modestie exemplaire, sa loyauté envers son pays, son dévouement à sa profession et sa serviabilité. Le professeur Benharkat parle de son collègue Rachid Lezzar en le qualifiant de digne fils de cette terre des Héros, ayant fait partie de cette discrète «Armée de l'Ombre» qui a servi sa Patrie dans la dignité, refusant de tomber dans la bassesse qui ouvre toutes les portes de la corruption et de l'avilissement. Le Docteur Barkat, son élève qui deviendra anatomo-pathologiste, et qui passera comme son maître par la chefferie de la maternité du CHU Constantine, relève que le défunt, pétri de qualités humaines et professionnelles, incarne une personne humble, généreuse, engagée, bon vivante et fidèle en confraternité. Sa perte constitue un deuil pour les malades et pour la corporation médicale, ajoute-t-il, et lui rendre hommage aujourd'hui, est pour moi un devoir de lui témoigner ma gratitude et ma grande estime, note-t-il. Même hommage lui est rendu par deux autres de ses élèves, les docteurs M. Kherbache et D.E Aggad, qui ont tenu à exprimer «un respect particulier à notre maître qui nous a transmis son savoir avec simplicité et modestie». Le professeur Segueni Abdelaziz se rappelle, également, de lui comme un homme de contact facile, simple dans son comportement, prêt à rendre service. «Quel grand homme !», dira-t-il de lui. Le défunt rappelait toujours à ses proches que «quand un travail est bien fait, on peut partir en paix». Dors en paix Dr Rachid Lezzar, comme un Chahid au Paradis.