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UN COMBAT CONTRE SOI

par Abdou BENABBOU

La lutte contre le corona ressemble à un combat de boxe. Il s'est replié sur les cordes et au moment où le monde entier a baissé la garde, il s'est rué encore plus volcanique que quand il a apparu pour la première fois. Le drame est qu'il est annonciateur d'une présence étendue installée dans une continuité infinie. Vaccin ou pas, il ne lâchera pas l'humanité entière pour rejoindre tout ce que la nature a de pervers, laissant supposer que l'espèce humaine ne sera jamais maîtresse de la direction des vents.

Les morts et les infectés sont de l'ordre des millions et les précautions prennent un visage d'enfermement saupoudré de nombreux vocables de confinement pour adoucir une nouvelle manière de vivre inscrite dans la durée. Avec des peines perdues, les pouvoirs publics s'échinent à calmer les humeurs des populations non disposées à rayer d'un trait des us inscrits dans leurs gènes pour changer de profil.

Pour les Algériens, il n'est pas encore question de revenir à la case départ en reconfinant tout et tous. De nombreuses et pressantes considérations économiques, sociales et religieuses ne recommandent pas une autre hibernation particulière. Décadenasser, les mosquées n'accepteraient pas de voir refermées leurs portes, tant elles sont devenues face à un ennemi invincible les ultimes abreuvoirs vaccinaux pour la majorité des croyants. Il en est de même pour l'institution écolière, symbole de vie et source de tous les espoirs sans laquelle l'existence perd ses premiers repères. Et au cœur de cet achalandage profondément humain se faufile le sacro-saint couffin, maître absolu des préoccupations et des assurances confondues.

On l'aura compris, la pandémie devient prolixe dans les mêlées générales et préfère pour se calmer les duels. Il devient de plus en plus évident que dans cette terrifiante épopée la seule issue restera la responsabilité individuelle. Masques, distanciations sociales, alcool et le reste peuvent apparaître comme des attirails affreusement artificiels. La vérité aujourd'hui est que le virus indique qu'avant de l'affronter, il faudra que chaque être livre d'abord un combat contre lui-même.