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En attendant le lancement du projet de ré-urbanisation Planteurs-Ras El Aïn: De nouvelles constructions illicites sur des sites désaffectés

par H. S.

Tributaire en grande partie de l'avancement des opérations de relogement, devant libérer les espaces occupés, le projet de ré-urbanisation du quartier des Planteurs-Ras El Aïn semble perdurer dans le temps. Un projet à la hauteur de la capitale de l'Ouest qui attend toujours d'être concrétisé. En attendant le relogement de quelque 9.000 familles officiellement bénéficiaires d'un logement dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP), de nouvelles familles se sont installées, parfois sur des sites déjà libérés, dans de nouvelles constructions illicites. C'est là, une des premières conséquences de la non-concrétisation de ce projet. Malgré de nombreuses opérations de démolitions initiées par le secteur urbain de Sidi El Houari, de nouveaux espaces sont régulièrement réoccupés par de nouvelles familles, en quête d'un logement. Le phénomène des constructions illicites a repris à la faveur d'un relâchement dans le système de veille, conjoncture du Covid-19 aidant, si tant est que l'on puisse parler de système de veille.

A vrai dire, la situation est telle qu'un début de construction n'est pas systématiquement signalé. L'alerte est donnée -quand elle est donnée- avec beaucoup de retard. Prises de vitesse, très souvent, les autorités n'y peuvent rien une fois la nouvelle maison est habitée. Le fameux «contrat-pacte», solution anti-illicite conçue par l'ex-wali d'Oran, Mouloud Cherifi, et qui suggérait la conclusion d'un accord entre l'Etat et les habitants de chaque bidonville avec une clause d'obligation pour ceux-ci de veiller par eux-mêmes sur leur territoire en dénonçant toute tentative de squat, et ce, en contrepartie d'un engagement de relogement collectif par la wilaya, n'a jamais vu le jour. Un projet mort-né, à dire vrai, dépourvu de toute assise juridique et administrative.

Les sites désaffectés après les relogements non protégés

Cependant, les raisons de la réémergence du fléau sont à rechercher beaucoup plus dans la non- matérialisation du projet de délimitation des sites récupérés après le relogement. En fait, ni clôture des parcelles libérées assortie d'une plaque rappelant l'appartenance de ce foncier aux biens de l'Etat et, le cas échéant, le projet envisagé, ni gardiennage n'ont été mis en place. Bref, rien ou presque n'a été fait pour dissuader les convoiteurs. Pourtant, fin 2018 début 2019, on pensait qu'après l'opération de revitalisation et d'embellissement du sous-secteur la Calère-Scaléra-Pêcherie qu'on était bien parti dans le processus de ré-urbanisation de la zone.

Et ce, d'autant que le frein qui maintenait immobile ce projet, à savoir le gel de l'opération relative au plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé de Sidi El-Houari, avait été desserré avec la prise en charge par la wilaya de cette opération. Mieux, sur proposition de la wilaya, le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville avait chargé l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI) de confectionner une étude globale du site.

Dans ce cadre, il avait été déjà procédé à l'aménagement partiel du périmètre de la Pêcherie, la préparation du projet d'un ensemble promotionnel de haute gamme sur La Calère, la création d'une petite forêt récréative, l'aménagement par paliers successifs de Scaléra à partir du bas-relief de la Marina et en montant progressivement vers Santa Cruz via une nouvelle route. La décision d'injecter au niveau des Planteurs une partie, aussi infime soit-elle, d'un programme de logements déjà notifié à la wilaya, celui du LPA, d'une consistance de 1.800 unités, devait en principe acter la naissance d'un nouvel ensemble urbain, peu consommateur d'espace, qui émergera de dessous les décombres. Ce quota de logements publics, ajouté à un autre quota de logements LPP, se voulait a priori être la première pierre dans le dispositif de ré-urbanisation du site. Les études géotechniques ont été même déjà accomplies et un cahier des charges a été approuvé par la commission technique DL-DUAC.