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LA THEORIE ET LE LAISSER-FAIRE

par Abdou BENABBOU

Des détails d'une simplicité mordante peuvent affecter le moral collectif et corroder un patriotisme des plus sincères. Si l'on ne prenait que les exemples les plus anodins, comme celui du nombre exponentiel des ralentisseurs routiers, on se surprendrait au cœur d'une formidable inconséquence qui tend à démontrer que le pays marche sur la tête. Les causes sont connues et nul besoin de verser dans des analyses sociologiques et politiques pour en saisir les origines où l'on trouverait l'incivisme, le non-respect du code de la route et le manque d'égards pour son prochain.

Ce qui est important d'observer est la manie désobligeante des autorités à recommander le respect des réglementations alors qu'elles sont investies pour les appliquer. Elles viennent par exemple, par une prière entachée de naïveté, de demander à ce que les normes des ralentisseurs soient respectées. Le problème est de leur seul et unique ressort et on a du mal à comprendre cette manie de se défaire d'un mal par une évidente fuite en avant en se déchargeant sur la population. L'absence de fermeté est souvent perçue comme une démission et conduit à la prolifération d'initiatives citoyennes décousues permettant à chacun, dans le désordre, de se protéger comme il le peut.

Les dos d'âne sont bien sûr du ressort des mairies, du ministère du transport, de la justice et de la police qui sont des institutions officielles. Comme toutes les autres, elles n'ont pas pour rôle d'indiquer ce qu'il faut faire en se contentant de recommandations verbales, mais de les appliquer.

Ce cas particulier n'est pas isolé. Il rejoint d'autres nombreux constats désolants pour confirmer un laisser-faire parce que ceux qui ont la charge d'une responsabilité officielle s'abritent dans les énoncés du falloir au lieu d'agir et d'entreprendre. Le summum de ce rituel désagréable est allé jusqu'à s'investir en une culture nationale limitant la nécessité et l'obligation d'agir aux théories orales.