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LES BRAS DE FER ET L'ADOLESCENCE

par Abdou BENABBOU

Pour offrir un sésame à la parole crue et aborder les confins des sujets simples par la force de la nature, on utilise une recette introductive pour répéter que la pudeur n'est pas conciliable avec la religion. Il en est ainsi depuis la nuit des temps et les textes sacrés dans la plupart de leurs énoncés n'empruntent aucun détour pour travestir les mots. S'impliquant souvent en avant, cette pudeur en s'interposant dans le dire dénature la compréhension quand il s'agit des relations humaines les plus naturelles et de surcroît quand elle intervient dans des sujets qui lient l'homme et la femme.

Le problème devient d'une sensibilité criarde quand il touche une adolescence aux prises avec la segmentation d'une culture où les règles sociales ancestrales sont bousculées par l'influence et la pression des lourdes vagues de l'évolution du monde d'aujourd'hui. On assiste alors à une confrontation sourde entre le conservatisme religieux et des prédispositions humaines naturelles difficilement contournables qui reviennent toujours au galop. Dès lors, il est utile de séparer le bon grain de l'ivraie et de mettre les pendules à l'heure quand on entend dire qu'une jeune fille a été kidnappée devant la porte de son lycée. L'offuscation primaire et le premier élan de colère ne concourraient qu'à briser des vies dans un jugement expéditif ne reposant pas du tout sur la profondeur d'un fait.

Si l'on devait être renvoyé à la dramatique affaire Chaima qui a bouleversé l'Algérie entière, on a toutes les raisons d'être ébranlé par le crime odieux dont la jeune femme a été victime. Réclamer la peine de mort pour son meurtrier est de bon augure comme il est légitime d'exiger la même sentence pour les kidnappeurs d'enfants car devant de tels crimes aucun espace n'est à accorder à des jugements nuancés.

C'est dans la confrontation des dogmes et des bras de fer entre les cultures et les mœurs que les nuances sont à recommander.   

La jeunesse est si déboussolée par les influences de toutes parts et par le besoin d'être et d'exister qu'elle est soumise à faire un croche-pied aux plus secrètes convenances et plus intimes attendus.