Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

SOMMES DE CHANGER DE PROFILS

par Abdou BENABBOU

La persistance du coronavirus semble décidée à détruire les architectures sociales. Aucun coin du monde n'est épargné et quelle que soit la stature des hommes, aucun n'est susceptible d'être épargné. Les explications ne s'avèrent que de pures littératures et on a tendance à ne voir à travers les certitudes approximatives que des effets d'annonce de laboratoires et de gouvernants, les uns dans un souci publicitaire, les autres pour faire bonne figure. Tous alertent, alarment et rassurent en même temps en entremêlant des statistiques et leurs contraires pour en définitive s'avouer vaincus.

Finalement, vagues et rebonds pandémiques ne sont plus que des repères désespérés pour inculquer un espoir dont la vacuité est affirmée. La permanence du virus est certainement assurée et l'essentiel des préoccupations est de s'interroger sur ce que sera dorénavant le monde de demain.

Faute d'éclaircie sur un phénomène impossible à maîtriser, les débats comme les hommes n'ont que la latitude de se confiner dans le résumé des priorités immédiates du vivre au jour le jour. Le fait saillant cependant est que la déstructuration de ce qui constitue les fondements des existences humaines est bel et bien amorcée. L'emploi, l'école, l'usine, le bureau et l'ensemble des socles de la vie habituelle sont en passe d'être sommés de changer de profils et il n'est pas dit que le génie humain trouvera une issue heureuse pour l'ensemble des terriens.

Jamais auparavant les Etats, y compris les plus nantis et développés, n'ont été confrontés à une aussi large multiplication de problèmes survenus en même temps. Les recettes politiques usuelles pour stabiliser les sociétés font piètre figure devant une catastrophe naturelle dont on ne connaît ni l'âge ni la durée de vie. Dans cette situation intenable à laquelle l'homme n'a pas été préparé, le drame est que lui-même devient convaincu que la signification de son âge et de sa vie a été pervertie. Il constate que derrière les masques, c'est les architectures sociales qui entament une profonde mue.