Les services de la commune de Aïn El Turck
viennent de lancer une opération visant à récupérer les structures appartenant
à la commune, squattées par des familles depuis plusieurs années, a-t-on appris
hier auprès de l'APC. Dans un premier temps, une commission sera chargée de
recenser tous les biens communaux squattés et les familles pouvant faire
l'objet d'un relogement. A ce titre et dans le but de le réhabiliter et lui
rendre sa vocation initiale, les services de l'APC ont décidé de recenser les
indus occupants du théâtre plein air de la localité de Trouville, a-t-on appris
de sources proches de la commune. A ce titre, nos sources indiquent que des
démarches sont entreprises auprès de la wilaya d'Oran pour intégrer les
familles sinistrées occupant les lieux, dans le programme de la wilaya de lutte
contre l'habitat précaire. Il s'agit en fait d'inscrire une demi-douzaine
environ de familles sinistrées, ayant élu domicile dans les dépendances de ce
prestigieux théâtre, dans le prochain quota de logements sociaux, indique notre
source. Pour la réhabilitation de cette structure culturelle, une étude sera
lancée incessamment, selon les mêmes interlocuteurs. Il importe de noter que
trois ans auparavant, des familles sinistrées, qui occupaient des constructions
illicites, érigées dans la localité La Madrague et ayant été ciblées par une
opération de démolition initiée par le wali d'Oran, ont été recasées dans les
dépendances de ce joyau de la culture, avec des promesses de relogement dans
les plus brefs délais. Malheureusement, ces familles, qui ont accueilli cette
nouvelle avec la plus grande satisfaction, ont finalement désenchanté en ne
voyant rien venir depuis. Entre-temps, ce lieu de culture se réduit
insidieusement comme une peau de chagrin. Selon le piteux constat, ce
patrimoine culturel est lamentablement livré aux mignardises de la nature et
aux actes de vandalisme depuis plusieurs années et semble, à priori, avoir
tendance à se transformer en un bidonville à l'exemple de tant d'autres biens
communaux essaimés à travers la contrée côtière d'Aïn
El Turck. « C'est inadmissible de laisser ce beau
patrimoine, qui représente tout un pan de l'histoire contemporaine de cette
région, se détériorer ainsi sans susciter une quelconque réaction chez les
responsables concernés », se sont insurgés des riverains vivement désappointés
de ladite localité, abordés à ce sujet par Le Quotidien d'Oran avant de
renchérir : «C'est une structure qui ne demande par une opération de
restauration de grande envergure. Quelques retouches seulement, raisonnablement
étudiées, suffiraient à lui redorer son blason, qui n'est pas complètement
terni pour le moment. Il peut être récupérable si l'on daigne se pencher sur la
question dans les plus brefs délais avant qu'il ne soit trop tard». Le même son
de cloche s'est fait entendre à ce propos chez d'autres simples citoyens,
jaloux des richesses culturelles que renferme cette contrée. Il importe de
noter que la déplorable situation de ce théâtre de verdure, bien que laissée en
héritage par les responsables locaux précédents, ne peut nullement constituer
aux actuelles autorités un argument convaincant pour justifier son aggravation,
qui va crescendo à la faveur d'une indifférence manifeste et la flagrante
absence, ne serait-ce que d'un zeste d'acquis de conscience des uns et des
autres. Il importe de rappeler que ce théâtre a abrité jadis le festival de la
chanson oranaise avec la participation des ténors de la musique du terroir de
la région ouest du pays. Naguère, il a égayé les soirées durant les saisons
estivales et les mois sacrés. Comble de l'ironie, en l'absence d'un lieu
adéquat, les responsables locaux ont depuis le squat de ce théâtre, concocté
des activités culturelles sur ce qui reste des esplanades de la municipalité d'Aïn El Turck. L'une d'entre
elles, en l'occurrence la place du 1er Novembre 1954, a désormais été
transformée en parking sauvage, ce qui a rétréci grandement le choix pour un
lieu qui pourra accueillir une quelconque festivité. Toujours est-il que
d'aucuns s'accordent à dire que le vide culturel, qui pèse de tout son poids
dans le chef-lieu de cette daïra côtière, pourrait être grandement colmaté par
la récupération de ce joyau culturel.