Qu'un
complexe industriel ne paie pas au même prix le kilowatt d'électricité qu'un
ménage circonscrit dans un logement de deux pièces tombe parfaitement sous le
sens. Il en est de même pour le rendu d'un fabricant de soda à ce qui doit être
comparé avec une petite famille pour leur consommation d'eau. Le casse-tête des
factures impayées relatives à ces deux ressources essentielles n'est pas fini
et n'est pas près de s'arrêter malgré le fignolage calculé des distributeurs
mastodontes pour imprimer une juste logique dans leurs pourvois vitaux. Le
choix d'une politique sociale arrêté depuis l'indépendance ne pouvait éviter la
confrontation entre un idéalisme bienheureux et une obligatoire rationalité à
laquelle le pays ne pouvait échapper.
Les
distorsions malheureusement ne se limitaient pas seulement à l'eau et à
l'électricité et contre lesquelles quelques artifices et corrections ont pu
être apportés souvent dans une discrétion législative. D'autres matières
vitales redorées du blason d'une nécessité première se sont parées d'un
illogisme flagrant. Le soutien des prix dans lequel l'Etat s'était engagé quand
l'aisance financière était évidente, reste apparenté cependant à une poudrière
qui risque d'exploser si le sujet, outrageusement compliqué, n'est pas géré
avec des pincettes. La crise économique et politique algérienne rendue encore
plus dense par un état du monde catastrophique ordonne aux Algériens de refaire
en profondeur tous leurs calculs et procédés. Ils savent qu'ils ne peuvent
échapper à la contrainte douloureuse de la réalité des prix. Les carburants, le
pain, le sucre, le café et tous les produits essentiels à la vie ont un besoin
inévitable de porter d'autres habits autrement mieux et plus justement portés.
Profond sable mouvant et véritable marécage, il ne sera pas aisé pour le
pouvoir de le traverser en toute tranquillité. Hier arme salvatrice et
instrument corvéable à merci pour la consolidation d'un système, la réalité des
prix expose aujourd'hui ses crocs aiguisés. Il n'est pas dit que cette grande
bataille à affronter sera d'un repos d'ores et déjà assuré.