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Palestine occupée: Le soutien indéfectible de l'Algérie

par Ghania Oukazi

Le soutien indéfectible à la cause palestinienne est le seul et unique principe qui marque la continuité de l'Etat algérien à travers l'ensemble des gouvernants qui se succèdent depuis l'indépendance du pays à ce jour.

Les propos tenus par Abdelamdjid Tebboune, lors de sa dernière rencontre avec deux représentants de la presse nationale, en sont un indice parfait de cette discipline de soutien permanent que l'Etat algérien s'impose, en faveur de la question palestinienne et de la décolonisation des territoires palestiniens de l'emprise de l'entité sioniste.

« Nous constatons qu'il y a une sorte de ruée vers la normalisation, nous n'y participerons pas et nous ne la cautionnons pas. Pour nous, la cause palestinienne reste une cause sacrée y compris pour tout le peuple algérien », a affirmé le président de la République lors de l'émission diffusée, dimanche soir, sur les supports audiovisuels nationaux. Les propos sont forts, clairs et précis. Tebboune consolide ainsi une position nationale réitérée, à maintes reprises, dans diverses époques de l'Histoire contemporaine de l'Humanité et sur de nombreuses tribunes nationales et internationales. La justesse de la cause palestinienne en vaut tous les défis. Tebboune en a pris un assez courageux à un moment où de nombreux pays arabes courbent l'échine aux Israéliens. Ses prédécesseurs l'ont fait en défiant les plus gros lobbys du monde. Premier coup d'éclat algérien en faveur de la cause palestinienne, la décision du Président Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères de faire entrer le leader palestinien Abou Amar (Yasser Arafat) dans la salle des conférences des Nations -Unies à New York. Il l'a fait en 1974, en tant que président de la 29ème session de l'Assemblée générale des Nations-Unies. Certes, il fallait que Arafat fasse des concessions pour pouvoir s'adresser au monde à partir d'une tribune universelle comme celle de l'ONU. Il devait accepter les résolutions 242 et 338 adoptées respectivement en 1967 et 1973 par le Conseil de sécurité de l'ONU.

La symbolique de la création de l'Etat palestinien à Alger

Les deux résolutions, l'une devait l'obliger à reconnaitre l'Etat d'Israël et la seconde à accepter une décision des pays arabes de mettre fin à la guerre des six jours et ouvrir le champ à des négociations, entre l'Egypte et Israël en vue de signer des accords de paix. «Je suis venu en tenant d'un main un fusil et un rameau d'olivier de l'autre », avait lancé Arafat, du haut de la tribune des Nations-Unies. La résolution 338 était alors un prélude à « l'accord de paix » signé en 1978 à Camp David entre Anouar Assadat et Menahem Begin et plus tard, celui d'Oslo entre Peres et Arafat, en 1993. Entre temps, en 1988, pour affirmer ses positons politiques et comme pour prendre une revanche, l'Algérie rebondit sur la question et ouvre le palais des Nations de Club des pins à la tenue pendant quatre jours des travaux de la 19ème session du Conseil national de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). A l'issue de cette conférence qui a rassemblé les états-majors de toutes les factions palestiniennes, Arafat a proclamé la création de l'Etat palestinien. «Le Conseil national palestinien, au nom de Dieu et au nom du peuple arabe palestinien, proclame l'établissement de l'Etat de Palestine sur notre terre palestinienne avec pour capitale El Qods », a annoncé Abou Amar. Certes, la proclamation n'est qu'une symbolique mais consacrée à Alger, sera retenue, en premier par les Israéliens comme faute contre les gouvernants algériens. Nommé secrétaire général du mouvement des Non Alignés entre septembre 73 et août 76, Houari Boumédiene en tant que chef d'Etat puis président de la République fera de la cause palestinienne son leitmotiv. « Nous sommes avec la Palestine, qu'elle soit bourreau ou victime », c'est, entre autres, la phrase phare que lui retient l'Histoire à ce jour. L'Algérie n'a eu de cesse de soutenir le peuple palestinien dans sa quête de l'indépendance et de la liberté et ce, en finançant ses actions de révolte, les actes de ses fidaiyine et ses grandes intfadhate jusqu'à ce jour. De nombreuses bourses sont délivrées à des étudiants palestiniens pour couvrir leurs études dans les universités algériennes. Parmi ces étudiants, beaucoup sont militants dans différentes organisations palestiniennes. Chafika militante du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) avait, à la fin des années 70, déclaré à haute voix que « contrairement à beaucoup de pays arabes, seule l'Algérie me permet de m'adresser ouvertement à mes compatriotes militants et fidayins pour leur dire de ne jamais arrêter l'action armée et l'Initifadha, parce que l'indépendance s'arrache mais ne se décrète pas ».

Quand le «Mossad» se faufile en Algérie

L'Algérie, faut-il le rappeler, a constitué en septembre 77 « jabhat essoumoud oua tassidi », le front de fermeté et du refus aux côtés de la Syrie, la Libye, l'Irak et le Yemen du Sud aux fins de soutenir l'OLP, dans sa lutte contre les sionistes pour la récupération de ses territoires aux frontières de 67, le retour de ses réfugiés et la création de l'Etat palestinien avec El Qods comme capitale. Une année plus tard, Alger en abritera le premier sommet pour réitérer ce soutien à la cause palestinienne malgré les défections de pays arabes et leur allégeance à l'entité sioniste. Le lâchage de la Palestine occupée par nombreux d'entre eux et les positions adoptées par la dernière réunion de la Ligue des Etats arabes faisant foi. En s'acharnant sur Ghaza, les tentatives d'Israël de transformer cette cause noble en une autre simple ?humanitaire- sont légion. « Les printemps arabes » en sont ces feuilles de route machiavéliques pour la faire sombrer dans l'oubli.

A défaut de se coaliser contre la colonisation israélienne, les pays arabes ont décidé de plier l'échine pensant probablement qu'ils seront épargnés par cette volonté tenace des Etats-Unis et d'Israël de phagocyter le monde arabe et musulman de «Tanger à Kaboul ». L'idée du GMO (Grand Moyen-Orient) décidé par l'administration Bush et véhiculé par Condoleeza Rice, alors secrétaire d'Etat, n'a pourtant rien d'une vue de l'esprit. Premiers actes en faveur de sa réalisation, la déflagration des pays membres du Front du refus : l'Irak, la Libye, la Syrie et le Yémen. Si l'Algérie semble en avoir été épargnée à ce jour, c'est bien parce qu'en cas d'émiettement de ses territoires, c'est toute la région qui va être déstabilisée avec tout ce que cela implique comme pertes d'intérêts colossaux pour des pays comme la France ou les Etats-Unis, pour ne citer qu'eux. Il y a un jeu vicieux et malsain qui se dégage des positions de la Communauté internationale vis-à-vis de la crise en Libye ou au Mali et la déstabilisation de la bande-sahélo sahélienne par les groupes terroristes. La décision de l'Algérie d'accepter, conformément à de nouvelles dispositions de la prochaine constitution, de participer à des opérations de paix, dans la région ou en clair de faire sortir son armée en dehors de ses frontières, pourrait constituer le gage qui lui éviterait les partitions qui lui seraient prévues. Gage qu'Israël ne pourra pas trop prendre en considération puisque le ?Mossad' semble avoir déjà bien évolué en Afrique du Nord. Israël ne s'en cache plus. Ses responsables se font un devoir de le propager, à chaque fois qu'ils en ont l'occasion.