Le devoir de solidarité et l'emprise humaniste quand ils sont contrariés par l'absence manifeste de l'entendement interpellent le désappointement et renvoient à de légitimes questions. Une scène désopilante à la limite de l'agression de la conscience et captée sur un grand boulevard d'Oran interpelle rudement une pléiade de questionnements. Une Subsaharienne, encore aux prises avec l'adolescence, pas plus haute que trois pommes se faufile en tendant la main entre les voitures à l'arrêt devant un feu rouge. Sur son dos un nourrisson dormant d'un ou deux ans. L'attention du passant n'est pas secouée par le spectacle devenu normal et pour lequel tout ou presque a été dit. Mais l'écorchure des âmes devient manifeste quand on s'aperçoit que la jeune mendiante est visiblement enceinte de plusieurs mois.

Ce phénomène devenu courant, on ne peut s'en tenir à rester cloîtré dans des débats contradictoires et se limiter aux offuscations trop primaires contre la misère en s'astreignant à étaler d'élémentaires nobles sentiments. S'en contenter est à l'évidence un mauvais service à rendre d'abord à des enfants innocents en nombre grandissant dont la plupart sinon tous sont nés en Algérie. Sans scolarité ni soins, ils sont livrés à une particulière débilité humaine difficile à admettre.

Le drame dans cette situation est l'inacceptable inconscience de cette nouvelle population venue d'ailleurs qui s'accorde l'insouciance de s'appliquer à multiplier à profusion dans les carrefours et les rues des bambins qui s'égarent dans une absence de vie en perdant jusqu'à leurs noms et prénoms. L'instinct maternel n'aurait plus aucun sens jusqu'à désintégrer la moindre responsabilité familiale. Même si les vraies données seraient aux antipodes du perçu et de l'aperçu, le problème demeure entier et il faudra bien qu'il soit sérieusement pris en charge.

Les petits pieds nus d'aujourd'hui dont on se sert comme des hameçons avec une sauvagerie criarde pour interpeler la pitié et la compassion frontalement seront des hommes dans pas longtemps. Il n'est pas dit qu'ils resteront enfermés dans la docilité corvéable des instruments.