La
polémique sur les chiffres de la pandémie n'a jamais cessé depuis l'apparition
des premiers cas positifs signalés dans le pays. Que les chiffres soient
alarmants ou rassurants, selon les périodes d'évolution de la courbe des
infections, on trouve toujours à redire, à placer des commentaires ou des
critiques qui démolissent les statistiques officielles, communiquées chaque 24
h depuis le début de la pandémie. Cette pratique de centralisation des
statistiques d'évolution de la pandémie, adoptée par tous les pays, s'avère
obligatoire non seulement pour donner une information « cadrée », regroupant
les données à travers tout le pays, ce qui n'est pas une mince affaire, mais
également pour permettre aux autorités de prendre les dispositions nécessaires
et agir rapidement dans le cadre de leur responsabilité dans la lutte contre la
propagation du Covid-19. Se fier ou non à ces chiffres officiels est resté
quand même, pour certains, une question purement politique. Pourquoi l'Etat ne
donnerait-il pas les statistiques réelles des cas infectés au Covid-19 ? Il y
en a qui pensent encore que c'est une arme pour neutraliser les rassemblements
des citoyens dont le hirak, alors que d'autres
estiment que les autorités manipulent ces chiffres selon les urgences sociales
ou économiques, et garder en main une autorité abusive sous prétexte de
l'urgence sanitaire. Et, ce qui est bien singulier, cette polémique qui jette
le doute sur les statistiques officielles de la pandémie n'existe que dans
certains pays, dont l'Algérie, la Chine ou l'Iran, mais rien de tel au niveau
des pays occidentaux, où les statistiques sont rarement mises en examen par la
presse ou la vox populi, qui trouvent plus à débattre sur l'obligation du port
du masque et des règles de confinement. Des pouvoirs publics saints et d'autres
malfaisants, c'est l'esprit politique des lectures des graphes de la pandémie.
Las de revenir sur le sujet pour dissiper les doutes des esprits, notamment
dans le contexte actuel caractérisé par une baisse progressive des cas
positifs, le ministre de la Santé a invité ceux qui se méfient des chiffres
officiels de la pandémie à se rendre eux-mêmes dans les différents services
dédiés pour constater de visu qu'il n'existe pas de tension. Que dire alors du
compte rendu du magazine Afrique-Asie, qui a salué dans son dernier numéro la
stratégie «gagnante» menée par les pouvoirs publics en Algérie pour lutter
contre la propagation du coronavirus (Covid-19), relevant que grâce aux efforts
consentis, le fléau est en passe d'être vaincu ? Le mensuel rappelle dans ce
contexte que ce constat a été fait également par l'Organisation mondiale de la
santé (OMS), présente sur place, et qui s'est ?félicitée' des « mesures prises
par le gouvernement algérien pour circonscrire l'épidémie à tous les niveaux ».
Cela pourrait-il atténuer la méfiance face aux statistiques officielles de la pandémie? Difficile à dire, notamment lorsque le doute et la
méfiance sont semés à des desseins politiciens.