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Conflit israélo-palestinien et «transaction du siècle»: L'appel de Lakhdar Brahimi

par Ghania Oukazi

«La dépossession du peuple palestinien de ses droits est arrivée à un tournant décisif, Israël ayant entamé l'annexion de larges pans des territoires occupés en se basant sur la plan Trump-Netanyahu, dit «le marché du siècle».

C'est par cette terrible réalité que commence la déclaration initiée par le diplomate algérien, de renommée internationale, Lakhdar Brahimi pour le soutien de la Palestine et le peuple palestinien. Déclaration qui est signée par un grand nombre d'intellectuels arabes, anciens responsables politiques, militants des droits humains, universitaires, juristes, scientifiques, artistes.... «Nous adressons à l'opinion publique mondiale et l'appelons à se joindre à nous en signant ce document à leur tour», disent ses signataires parmi eux trois anciens ministres algériens en l'occurrence Ramtane Lamamra, diplomate et ex ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, ex-MAE, ex-Président du Conseil constitutionnel et ancien juge à la Cour Internationale de justice (La Haye) et Abdelaziz Rahabi, ancien ambassadeur et ex ministre de la Communication et deux ex-ambassadeurs Mourad Benmehdi et Nadir Larbaoui. Ce sont, donc, des diplomates algériens racés qui ont apposé leur signature sur le document portant l'initiative de Lakhdar Brahimi, à côté d'autres nombreuses comme celle du Tunisien El Habib Benyahia, Hamed Ouled Takdi, ancien MAE mauritanien, Hanane Hachraoui, membre de la commission exécutive de l'OLP, Salam Fayadh, ancien chef du gouvernement palestinien, l'Egyptien Amar Moussa, ancien SG de la Ligue arabe, Ghassan Salamé, ancien représentant spécial du SG des Nations-Unies pour la Libye, Walid Djoumblat, politique libanais....

Le timing choisi par Lakhdar Brahimi pour solliciter le soutien du monde entier à la Palestine et au peuple palestinien coïncide avec l'annexion de plus de territoires occupés par Israël dont le but est de transformer la cause palestinienne en une vulgaire transaction entre ses responsables et ceux américains. Transaction que soutiennent de nombreux pays arabes. Récemment, les Emirats arabes Unis en ont fait la démonstration officielle, en signant un important accord de coopération avec Israël y compris dans la sécurité et le renseignement. « Ce plan israélo-américain, destiné à réaliser le rêve sioniste de Théodore Herzl, celui d'une mainmise sur la totalité de la Palestine historique, viole les principes de l'autodétermination et de la paix fondée sur la justice. Il illustre en outre, plus que jamais, le soutien absolu des États-Unis à la politique annexionniste israélienne, faisant fi du droit international et des résolutions votées par l'ONU, pendant plusieurs décennies » lit-on dans la déclaration. Ses rédacteurs notent que «la portée de ce plan se révèle à la lumière de la loi constitutionnelle israélienne de 2018 qui stipule que « l'exercice du droit à l'autodétermination dans l'État d'Israël est un droit exclusif du peuple juif ».

«Menace à l'encontre de la paix mondiale et la sécurité»

En étendant son autorité sur l'ensemble des territoires palestiniens, écrivent-ils, «Israël dénie en théorie, selon cette loi, et en pratique, selon ce plan, les droits inaliénables du peuple palestinien d'exercer sa souveraineté sur son sol. Il détruit les fondements de toute solution fondée sur le droit international et étend à toute la Palestine historique un système juridique de discrimination institutionnelle, de ségrégation et d'inégalité - y compris la promulgation de lois spécifiques pour chaque groupe ethnique de la population ? et cela à l'instar de l'apartheid qui sévissait en Afrique du Sud». L'initiative Brahimi soutient que «le peuple palestinien, sous l'occupation à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza, en Israël et les réfugiés ou exilés en diaspora, en dépit des divergences politiques entre ses dirigeants, serre ses rangs pour résister à ce plan et à toutes les violations de ses droits commises par l'occupation militaire israélienne. Il bénéficie toujours du soutien des autres peuples arabes qui s'opposent à la politique israélienne en Palestine et dans le Golan - quelle que soit la réaction très molle de certains gouvernements au plan Trump-Netanyahu». La déclaration rapporte que «nous proclamons notre solidarité avec le peuple palestinien comme avec les autres peuples arabes qui considèrent que la Cause palestinienne est la leur aussi». Ses signataires s'accordent à souligner que «nous soutenons le droit des Palestiniens à user de tous les moyens légitimes pour résister à l'occupation, à l'oppression et à la discrimination, y compris leur droit d'appeler pour y mettre fin aux boycott, désinvestissement et sanctions économiques et financières. (...) Nous les soutenons et ne cesserons de défendre le droit des Palestiniens de recourir aux mêmes méthodes et autres moyens reconnus par le Droit international dans leur combat contre l'annexion de leurs terres et leur privation de leurs droits nationaux et politiques, religieux et civiques». Ils affirment en outre, que «nous considérons que toutes les démarches entreprises par le gouvernement de Netanyahu et par l'administration de Trump, pour réaliser leur plan, d'ailleurs condamné par la grande majorité des membres de l'ONU, sont illégales et illégitimes, nulles et non avenues».

Ils notent en conclusion que «la Communauté internationale ne peut, cependant, se contenter de déclarations diplomatiques tièdes et de protestations verbales qui ne feront jamais cesser la dépossession des Palestiniens de leurs terres et de leurs droits. Seules des mesures concrètes de soutien arabe et international, au peuple palestinien, dans sa lutte pour la liberté, la justice, l'égalité et la souveraineté nationale, ainsi que des sanctions internationales à l'encontre d'Israël, feront reculer Netanyahu et Trump, en leur faisant cher payer le coût de leur plan qui constitue une menace à l'encontre de la paix mondiale et la sécurité».