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Ligue des champions d'Europe : Le Bayern, un Everest pour Lyon

par Adjal Lahouari

C'est fort compréhensible. Les médias français rivalisent d'épithètes pour souligner le parcours de l'Olympique Lyonnais. Il est vrai que personne, absolument personne, n'attendait le club français à ce stade d'une compétition traditionnellement réservée aux cadors européens. Or, le club du président Aulas ne fait pas partie de ce « cercle » et a même connu des déboires cette saison en Ligue 1, se classant septième à l'arrêt du championnat décidé par le gouvernement français. Cet arrêt a provoqué le courroux du vieux dirigeant, convaincu que si le championnat était allé jusqu'au bout à l'instar de ceux des quatre pays européens, son club aurait fait partie du groupe de tête.

En finale de la coupe de la Ligue française, les coéquipiers d'Aouar avaient déjà affiché une forme prometteuse face au Paris SG. Mais de là à pronostiquer un tel parcours, il y avait un pas que personne n'aurait osé franchir. Et pourtant, voilà l'OL en flatteuse compagnie, dans un carré où de grands clubs n'y sont plus malgré la qualité de leurs effectifs et les « noms » de leurs entraîneurs. Il faut dire que la qualification des huitièmes de la Juventus a provoqué le déclic espéré.

En dépit de la défaite subie à Turin, les Lyonnais avaient arraché leur billet pour le « Final 8 » de Lisbonne. Certes, les Citizens ont dominé, mais ils n'ont que très rarement trouvé la faille, une seule fois par De Bruyne. Très solides en défense, clairvoyants et lucides en milieu avec Aouar et Caqueret, les Lyonnais ont mis à nu les faiblesses criantes de la défense anglaise. Tous les experts ont souligné les étonnantes décisions de Guardiola, qui a laissé ses meilleurs joueurs sur le banc, tels Mehrez, Mendy, les deux Silva, Stones, Otamendi et Zinchenko. Trop, c'est trop !

De ce fait, sa réputation de fin tacticien prend un sacré coup dans l'aile, même s'il prétend, pour se défendre, que « la tactique dans ce match n'a pas été décisive ». Or, ce domaine a fait sa réputation. Les défenseurs titularisés ont été de mauvais choix face à des adversaires pourtant intrinsèquement inférieurs. En outre, et à l'inverse de Rudi Garcia, le coach catalan n'a effectué que deux changements sur les cinq autorisés. Est-ce de l'orgueil ou du mépris pour l'adversaire ? On le saura peut-être plus tard.

A présent, dans ce dernier carré, nous allons assister à un inattendu franco-allemand. Lorsque cet article paraîtra, on saura qui de Paris SG ou Leipzig affrontera le vainqueur du choc Bayern - Lyon. Car, et en dépit de leur formidable démonstration de force face au Barça, les Allemands auraient tout intérêt à se méfier de cette équipe qui ne craint personne désormais. Elle est compacte et sait jouer le contre à merveille. Tous les observateurs sont convaincus de la puissance de frappe du Bayern dans les trois compartiments. En effet, cette saison toutes compétitions confondues, le champion d'Allemagne a inscrit 155 buts, devant Man City (149), Paris SG (133), Liverpool (117) et Atalanta (116). La moyenne est effarante (4.33), loin devant Paris SG (3.38) et Liverpool.

Ce qu'il faut aussi souligner, c'est que ce même Bayern ne brillait guère l'automne passé sous la houlette de l'actuel coach de Monaco Niko Kovac, ce qui lui a coûté d'ailleurs sa place. Reprise en moins par son assistant Hans-Dieter Flick, la formation bavaroise crache le feu. Ce denier n'est pas un novice, ayant été l'adjoint durant de nombreuses années du sélectionneur national Joachim Low. Que ceux qui doutent donc du rôle d'un bon entraîneur revoient leurs avis. « Si nous sommes rigoureux et agressifs, nous aurons les meilleures chances de gagner », a affirmé le technicien bavarois, qui ne commettra pas l'erreur de mésestimer son adversaire ce soir. Le Bayern aura évidemment les faveurs du pronostic, face un rival de niveau inférieur dans plusieurs domaines. Mais les Lyonnais, avec leur dynamisme et l'euphorie du moment, pourraient leur poser des problèmes. Comme cela est déjà arrivé dans ce format « Final 8 », ce sera une opposition entre deux formations que tout sépare, en l'occurrence la stature, le budget et le palmarès. Pour Lyon, être en demi-finale est un objectif inespéré au départ d'une saison spéciale à bien des égards. Aurons-nous dimanche prochain 23 août une finale allemande ou française ? Pour les clubs de l'hexagone, ce serait tout simplement un exploit historique.

Aujourd'hui (20h00)

Bayern Munich - O. Lyon