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«Zéro rejet à la mer d'eaux usées»: Un objectif réalisable ?

par Houari Barti

Si officiellement, l'objectif «zéro rejet à la mer d'eaux usées,» a été concrétisé, en mars 2019, avec la mise en service du projet de refoulement des eaux usées de la partie basse d'Oran, dans la réalité des faits, le littoral oranais continue, hélas, d'engloutir des milliers de mètres cubes d'eaux usées. Des déversements qui se font, à travers des exutoires connus et reconnus, par les pouvoirs publics, notamment celui du lieu-dit «Cueva d'El Agua» comme l'attestent des vidéos et des images satellites publiées, dernièrement sur les réseaux sociaux mais aussi à travers d'autres exutoires moins connus du côté de Canastel et Belgaïd. Qu'en est-il donc de cet objectif «zéro rejet en mer» porté à bras le corps, des années durant, par les pouvoirs publics ? Mythe ou réalité ? Avant de tenter d'apporter une quelconque réponse à cette question, il demeure primordial de revenir d'abord sur la consistance et les enjeux du projet d'acheminement des eaux usées de la partie basse d'Oran vers la station d'épuration d'El Kerma via la station de relevage de Hai Dhaya (ex Petit-Lac).

Selon le directeur technique de la SEOR, M. Saïd Hamida, c'est un projet composé de 5 mini-stations de relevage et un linéaire de réseau de plus de 7,5 km qui porte l'ambition de résoudre, de manière définitive, l'épineux problème de rejet des eaux usées de la partie basse de la ville sur le littoral. Ces stations de relevage ont été réalisées au centre-ville, à Gambetta, à Hai Sanaoubar (ex-Les Planteurs), à Ras El Aïn et à la Pêcherie, pour capter les eaux usées qui se déversaient en pleine mer et les raccorder à des canalisations d'une longueur de plus de 7,5 km linéaires pour les acheminer vers la station de relevage de Petit-Lac, puis vers la station d'épuration d'El Kerma où ces eaux sont épurées pour servir à irriguer la plaine de la Mléta qui s'étend sur une superficie agricole de près de 8.000 ha, répartie entre Tafraoui, Oued Tlélat et El Kerma. C'est dire toute l'importance de ce projet structurant et des enjeux qu'il recèle, à la fois pour l'environnement mais aussi pour l'économie nationale, en boostant l'activité agricole de la région.

Pour revenir à la question de départ, et si oui ou non le projet peut répondre à l'ambition de «zéro rejet en mer», le directeur technique répond, sans hésitation par l'affirmative concernant la partie basse de la ville située entre ?Fort Lamoune' à l'ouest et ?Cueva d'El Agua' à l'est. Au-delà de ce dernier point vers l'est toujours, cette ambition demeure, toutefois, tributaire de l'implication et à l'engagement de l'ensemble des acteurs, notamment les promoteurs publics et privés qui, parfois, n'hésitent pas à raccorder leurs bâtiments aux canalisations destinées aux eaux pluviales du réseau séparatif, polluant du coup, les eaux claires déversées en mer. Ce problème est déjà bien connu, notamment du côté de la Cité des ?1.430 logements' de Canastel et du côté des Falaises, non loin du Palais d'Or. L'efficacité du projet dépend, par ailleurs, selon le directeur de l'Assainissement de la SEOR, M. Benhedda Mohamed, de la capacité de répondre en temps réel aux différentes pannes techniques qui peuvent toucher l'ensemble du système, notamment les équipements de pompage, qui doivent être réparés ou remplacés rapidement, par des pompes neuves. A ce propos, un marché destiné à l'acquisition de 80 pompes est actuellement en cours d'exécution, a-t-il indiqué. Un autre projet de très haute importance, d'un coût global de 500 millions de DA visant à doter la SEOR d'un système de télésurveillance des stations de pompage des eaux usées, à l'image de celui réalisé à l'époque de la gestion espagnole pour l'AEP, au Bâtiment Intelligent, a également été lancé. La SEOR a déjà investi 200 millions de DA pour ce projet qui a besoin de 300 millions de DA supplémentaires pour sa finalisation, a indiqué par ailleurs le directeur technique de la SEOR, M. Saïd Hamida.