Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

LA RESPONSABILISATION DE CHACUN COMME SEUL REMEDE

par Abdou BENABBOU

L'Etat pouvait-il faire mieux que de marcher sur des œufs en recommandant d'ouvrir avec prudence quelques mosquées ? Le sujet d'une délicatesse certaine se devait d'être pris en charge avec une parcimonie compliquée quand la pression des priants se faisait présente dans plusieurs endroits du pays et préfigurait une incivilité particulière. Pour éviter que le problème ne soit transvasé dans l'ordre du religieux politique, quoi de plus simple alors que de renvoyer chaque fidèle face à ses responsabilités tout en tentant de laisser comprendre que les autorités publiques gardent à l'esprit leur mission de veiller sur la préservation de la santé de tous. Il en est de même pour les plages et les lieux de loisirs pour lesquels les services de sécurité ont des difficultés à contenir des intrusions remarquées ici et là quand ils ont aussi la charge de juguler les violences qui se multiplient en d'autres circonstances que l'épidémie a fomentées.

Pour l'Etat, il est difficile de savoir où donner de la tête quand une multitude de lourds impondérables se liguent en même temps pour sérieusement désarticuler la vie d'une société dans l'ensemble de ses articulations et qui de surcroît s'échine à trouver une stabilité politique.

Il demeure évident que quelles que soient les mesures draconiennes de confinement prises par les autorités, même avec les armes de la loi, il était utopique de croire que les contraintes et les interdictions légales suffiraient à elles seules à faire fléchir totalement les habitudes et les comportements. Ceci est d'autant plus vrai quand il s'agit de foi et de religion au moment où le monde entier baisse les bras irrémédiablement vaincu par une ravageuse pandémie devant laquelle il ne reste plus que la prière comme remède et comme abri.

Tant que l'on reste soumis à l'implacable razzia d'une épidémie dévastatrice devant laquelle les supputations et les suppositions farfelues fleurissent à profusion n'enjoignant que la distanciation sociale, l'alcool et le port du masque, toutes les solutions et les bonnes volontés ne peuvent s'avérer qu'aléatoires. De guerre lasse, les bras et les esprits branlants, on n'a en toute logique que la faveur de recommander à chacun de se responsabiliser pour se préserver.