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LA FORCE DE LA NATURE

par Abdou BENABBOU

L'impossibilité de résoudre la dramatique équation pour les Algériens comme pour le reste du monde réside dans ses données paradoxales. Prendre en toute connaissance le risque de la mort pour sauver la vie avec comme acceptation rigide que finalement on ne doit vivre que pour mourir. Jamais les forces de la nature n'avaient aussi crûment imposé aux hommes un affrontement aussi implacable avec une aussi large dimension contrariant si fort l'espoir de l'humanité entière. Toutes les architectures sociales sont bouleversées par un microsome silencieux mortel qui s'est avéré plus étripant que toutes les catastrophes que le monde a connues jusqu'ici. La rampée invisible du mal est plus vicieuse et plus perverse que les drames des cataclysmes et des guerres mondiales car en l'espèce le virus n'est pas l'œuvre maléfique des hommes et de nombreuses réflexions ne seraient pas tout à fait dans leur tort en voyant dans le drame la main d'une volonté supérieure.

Bien que la Terre continue à tourner à la même vitesse et au même rythme, son décapage est devenu assourdissant pour lancer des alertes répétées comme pour signifier que la charge qu'elle porte est devenue trop lourde avec le temps. Les messages lancés ont par à-coups quelque chose de désespérant laissant les hommes pantois et incapables de se prendre en charge pour trouver une juste définition à la vie. Le mystère de l'existence n'a jamais été aussi indéfini malgré le chassé-croisé des convictions religieuses censées expliquer les détails comme les généralités. Curieusement au moment où la poussée exponentielle de la démographique mondiale devait accélérer la cadence économique, il s'est avéré au contraire qu'elle en a été le véritable souffre-douleur pour que plus de la moitié de l'humanité soit dans la difficulté de trouver avec quoi se nourrir.

L'Algérien est au milieu de ce gué forcé d'orienter son regard sur des impératifs à entreprendre dans l'immédiat convaincu que l'immédiat n'est pas toujours en bons termes avec le futur mais ayant appris au moins une grande leçon. Quand il n'est armé que d'évasives convictions et d'aléatoires croyances, l'homme sort toujours vaincu face à la force de la nature.