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Complexité insurmontable ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le poumon de l'industrie en Algérie, le complexe Sider d'El Hadjar, toussote toujours malgré tous les efforts engagés jusque-là pour le sauver de l'asphyxie. Le ministre de l'Industrie, Farhat Aït Ali Brahim, qui se trouvait à son chevet, avant-hier, avait insisté sur la nécessité de sa relance sur « une base économique solide qui repose sur la logique de l'industrie industrialisante ». Comment et avec quels moyens pourrait-on provoquer le déclic au niveau de ce complexe qui porte bien son nom ? Il est évident que le pays a besoin plus que jamais de ce fleuron de l'industrie algérienne, ou qui se veut comme tel, notamment de par ses capacités à jouer le rôle d'une locomotive des activités et d'investissements économiques à valeur ajoutée, à travers le recours aux matières premières, matériaux et équipements industrialisés localement, comme l'a rappelé M. Ferhat Aït Ali Brahim, mais cela reste à concrétiser. Ce qui n'est pas du tout facile avec ce complexe qui n'a jamais été dompté jusque-là.

Tous les indices plaidaient ces trois dernières années pour un redémarrage en force de la sidérurgie en Algérie, des sommes d'argent très importantes ont été injectées dans les caisses du complexe sur la base d'un ambitieux plan d'investissement de l'Etat, lancé dans le sillage d'une reprise des actifs naguère détenus par le partenaire étranger ArcelorMittal, mais au bout le résultat est lamentable. Le complexe croule littéralement sous les dettes (122 milliards en 2018), et ce malgré un rééchelonnement à long terme consenti, en 2018, par le Conseil des participations de l'Etat (CPE). Ses comptes bancaires ont été bloqués au mois de mai dernier par la CNAS pour le non-paiement des arriérés des cotisations sociales de ses 6.000 travailleurs, dont les salaires sont difficilement assurés. Sans parler d'une production très en deçà des prévisions qui plaçaient la barre à plus de 2 millions de tonnes/an après exécution du plan d'investissement, qui prévoyait l'injection dans ses caisses de plus d'un milliard de dollars. Le ministre, qui sait très bien qu'il avance sur des sables mouvants, ne veut pas donner des promesses vaines, estimant que la relance du complexe nécessite une étude longue et approfondie. Réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? L'erreur n'est pas permise, d'autant que tant d'espoirs reposent sur la relance du complexe sidérurgique, étroitement liée à la relance de l'industrie algérienne.

En 2018, le CPE avait donné son accord pour la signature d'un partenariat entre ce complexe sidérurgique et le groupe émirati Emarat Dzayer, sur la base de la règle 49/51 régissant les investissements étrangers en Algérie, prévoyant un investissement de plus de 160 milliards de dinars, sans aucun effet positif. Que reste-t-il encore à faire ? La complexité du ?Complexe' est-elle à ce point insurmontable ? Un véritable défi pour le ministre de l'Industrie, qui devrait trouver la voie pour sortir le complexe Sider d'El Hadjar du gouffre dans lequel il a été plongé par d'anciens responsables qui se trouvent aujourd'hui, pour certains d'entre eux, devant les tribunaux ou en fuite à l'étranger.