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Nouvelles approches sur les crimes de «la Main rouge» contre les Algériens

par Rahal Redouane*

Dans une contribution inédite et bien documentée publiée en deux parties dans le quotidien national arabophone Ech-Chourouk des 23 et 24 juin 2020, le moudjahid et ex-ministre, M. Daho Ould Kablia, rappelle les crimes de l'organisation terroriste française «la Main rouge» en Allemagne fédérale, durant la guerre de libération, contre les Algériens vivant ou réfugiés dans ce pays. Pour avoir été haut responsable au sein du MALG (ministère de l'Armement et des Liaisons générales du GPRA), donc en connaisseur de l'histoire vécue, M. Daho Ould Kablia signale les actions meurtrières de désespoir des membres de cette nébuleuse qui s'attaquaient aux militants algériens réfugiés en Allemagne dont la population et les hommes politiques locaux, d'alors, sympathisaient ouvertement pour la lutte du peuple algérien. Les témoignages précis rapportés par M. Daho Ould Kablia, par leur diversité et leur nombre dans le temps, peuvent faire l'objet, sans doute, d'une thèse universitaire. C'est le succès politique et diplomatique du FLN, sur le plan international, en adéquation avec celui de la lutte armée en Algérie même, qui poussait les tenants retardataires du colonialisme français à vouloir bloquer le sens de l'évolution des peuples vers la liberté. Cependant, en complément, il faut signaler que l'action meurtrière des membres de «la Main rouge» ne s'exerçait pas seulement en Europe ou en Algérie, mais également au Maroc contre la communauté algérienne établie dans ce pays. C'est son soutien apporté à l'Algérie combattante qui provoqua l'ire des dirigeants de «la Main rouge». Aussi, à cette occasion, certains faits douloureux vécus par cette communauté ne doivent être ni occultés ni ignorés pour la vérité historique. C'est pour éviter l'altération du souvenir qu'il est important de rappeler que le 19 avril 1957 à Meknès (Maroc), toute la famille Rahal Hadj Menouar fut décimée par l'explosion d'une bombe adressée sous forme de colis médical au fils Sâad, pharmacien installé dans cette ville. Outre Hadj Menouar, chef d'interprétariat au tribunal régional de Meknès, son épouse Zoubida, leur petite fille Leila âgée de 5 ans, Sâad, qui tentait d'ouvrir le colis piégé auquel il était adressé, furent tués sur le coup. Saâd, diplômé de la faculté de pharmacie d'Alger, était le représentant du FLN à Meknès et le garage de son père servait de dépôt d'armes récupérées au Maroc pour le compte de l'ALN. Cet attentat collectif revendiqué par «la Main rouge» provoqua une grande émotion dans tout le Maroc et une émeute de la population de Meknès, après l'enterrement des membres de cette famille. C'est l'instauration du couvre-feu par les autorités marocaines, qui ramena le calme. Abstraction du lien familial, mais les faits historiques étant ce qu'ils sont mais rapportés simplement dans un souci de souvenir pour rappeler les méfaits de cette organisation criminelle. Cet assassinat doit figurer dans les archives du ministère des Moudjahidine et pour perpétuer son souvenir, il serait souhaitable qu'un établissement public soit baptisé au nom de cette famille martyre. Il est à rappeler que le fils de Saâd, alors âgé de 2 ans, n'a dû sa survie que grâce à un voisin qui le ramena à l'hôpital, blessé sur plusieurs parties du corps, et une nièce, qui se trouvait dans la cour de la maison par hasard, perdit l'usage de la parole par l'intensité de l'explosion. L'histoire de la guerre de libération algérienne écrite par le sang reste une source d'inspiration éternelle et aux Algériens d'en être les dignes continuateurs pour préserver par la solidarité et la responsabilité cette acquisition inestimable qui est l'indépendance.

Grand merci à M. Daho Ould Kablia, présentement président de l'Association des anciens du MALG, d'avoir exhumé des faits historiques réels qui s'inscrivent dans l'écriture de la grande histoire de l'Algérie éternelle dont la révolution du 1er Novembre 1954, par son aura, précipita la libération du continent africain.

*Avocat - Oran