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Samir Chaâbna, Mohammed Dib et la nationalité française

par Amine Bouali

La mise en perspective de ces deux parcours est troublante : d'un côté, le journaliste et député Samir Chaâbna, établi en France depuis plusieurs décennies, nommé ministre délégué en charge de la communauté algérienne à l'étranger lors du remaniement ministériel de la semaine dernière et qui a été récusé finalement pour ce poste car il n'a pas voulu abandonner, comme exigé par la loi algérienne, sa deuxième nationalité française.

De l'autre côté, l'écrivain Mohammed Dib qui a vécu en France de 1958 jusqu'à 1962 avec sa carte d'identité française d'alors (pouvait-il en être autrement ?) mais de l'Indépendance jusqu'à sa mort en 2003 (c'est-à-dire pendant 41 ans !) avec une carte de résident renouvelable tous les 10 ans et qui s'est déplacé partout dans le monde uniquement en utilisant son passeport algérien.

Ensuite, on peut bien se poser la terrible question qui fâche : qu'est-ce qui a changé dans les mentalités qui expliquerait l'attitude différente de ces deux personnalités s'agissant du lien symbolique fort que représente un passeport vis-à-vis de la terre natale et aussi, par voie de conséquence, de l'attachement puissant porté à celle-ci et qu'on appelle ordinairement le patriotisme ?

Pour l'un, changer de nationalité (ou acquérir une seconde) cela n'implique absolument rien sur le fond et serait juste une affaire de commodité. Alors qu'aux yeux de l'autre, c'est, au contraire, déterminant et pourrait relever quasiment de la forfaiture.