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TOURBILLON JUDICIARE

par Abdou BENABBOU

Il y a des drames humains contraignant au partage sans pour autant inciter à la solidarité. Si un ancien Premier ministre est offert en public orné de menottes, le spectacle livré avec publicité ne peut cacher un autre encore plus désopilant. La grande soumission des faiblesses des êtres offre parfois des porosités pour permettre à la compassion et à des sourds regrets de se manifester. L'homme est ainsi. Quand il est animé par la foi, il demeure armé d'humanisme et d'humilité et ne peut se débarrasser des toutes premières émotions. Le décès subit du frère de l'ex-chef du gouvernement Ahmed Ouyahia sous le toit d'un tribunal ne laisse pas indifférent et seuls quelques profils simplets s'offrent des applaudissements précipités. C'est que la malédiction qui frappe une famille dépasse le cadre d'un procès aussi justifié qu'il soit et aussi lourds que soient les griefs pour lesquels il a été convoqué. Epouses, filles et fils regroupés, bénis encore hier par une dorure presque sacrée, sont emportés aujourd'hui par un formidable tourbillon judiciaire.

La mort du frère de l'ancien patron du RND, avocat pleinement concerné en la circonstance, par ses incidences familiales dramatiques ne se contente pas de figurer comme un malheureux fait divers. Elle est une leçon de vie pour tout le monde et renvoie à des similitudes devenues nombreuses avec les cascades des désintégrations familiales d'anciens magnats. On ne peut avoir un droit de vie et de mort sur un peuple en ne soupçonnant pas que le rendu soit catastrophique. Défier le sort achemine rarement vers des victoires et une descente aux enfers n'est jamais irrémédiablement écartée.

Les pénitences sont nombreuses et le cas Ouyahia n'est pas isolé. Sellal, Bouchouareb, Haddad, Bouteflika, une brochette de ministres, de walis et de hauts cadres, hier sur un nuage doré avec leurs épouses et leurs enfants, chutant du ciel sans crier gare ne vivent pas uniquement aujourd'hui l'enfer des prisons et de l'effritement. Leurs immenses démêlés prouvent que les destinées ne sont jamais rectilignes et que dans la vie que tout ce qui repose sur de la paille n'est jamais garanti.