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Tlemcen: Développement de la culture du cerisier

par Khaled Boumediene

  En venant de Tlemcen, juste avant d'accéder au plateau de villégiature de Lalla Setti, de magnifiques vergers de cerisiers attirent l'attention. Il faut dire que la cerise a trouvé son plus beau terroir d'expression, à Attar, un bourg, qui domine magistralement le grand Tlemcen (Mansourah, Chetouane et Tlemcen). Cultivée de génération en génération, la cerise a littéralement modelé ce morceau de paysage tlemcénien qui s'étend de la forêt de Tlemcen jusqu'aux flancs du mont de Tsarifet et qui nous offre, à chaque saison, de si belles images: celles de beaux arbres bien charpentés, illuminés de blanc à la floraison, ponctués de rouge en période de production. Comme nous l'évoquions récemment, le mildiou a fait des ravages cette année et la récolte a été très faible. Mais, les fellahs de cette localité ne perdent pas espoir pour défier les reliefs accidentés de ces lieux et étendre leurs vergers.

Hadj Abderrahmane Belhadj Yousfi, très fier de son travail accompli durement, sur la colline de Aïn Gassâa, afin de développer ses champs et ses vergers de cerisiers, tels le bigarreau noir, le bigarreau blanc et le dur noir, s'est lancé également dans la production de cerisiers greffés. «En 1991, quand on m'a concédé cette portion de la colline, c'était le désert ! Il n'y avait que des pierres rocheuses et des végétations sauvages et piquantes. Mon défi, c'était de transformer cette zone montagneuse en vergers de cerisiers, pour augmenter la production devant satisfaire la demande des consommateurs locaux et pourquoi pas penser à l'exportation des meilleures espèces de cerises qui s'adaptent parfaitement dans cet environnement favorable à la culture du cerisier et même à d'autres espèces fruitières à cause de l'altitude et du microclimat qui y régnent.

En 1994, je me suis lancé, avec mes enfants qui travaillent avec moi dans la production de plants de cerisiers greffés, car à l'époque, l'Etat importait des cerisiers en devises d'Espagne et d'Italie. On reçoit aujourd'hui, des agriculteurs des wilayas de Médéa, Bouira, Boumerdès, Blida et de partout, qui viennent pour acheter ces plants, totalement bio et de meilleure qualité. Je profite de l'occasion pour remercier l'Etat et surtout les responsables de la Conservation des forêts de la wilaya de Tlemcen, qui nous ont beaucoup aidés et assistés pour transformer ce périmètre rocailleux et montagneux en champ agricole », a indiqué, hier, Hadj Abderrahmane, qui a délibérément décidé de proscrire l'emploi de pesticides pour respecter et favoriser la sélection naturelle. « J'ai hérité d'un merisier qui date de 1945.

Ce type d'arbre, est le meilleur porte-noyaux du cerisier. C'est à partir de ce vieil arbre que nous récupérons les graines, car il est sans doute plus profitable de garder une branche du merisier, pour récolter des noyaux, les semer, et plus tard greffer les plants obtenus. Aussi, les semis de merisiers valent mieux que les semis de cerisiers.

Le mois d'août est la période la plus propice. Le ruban de greffage s'enlève quand la greffe a bien repris, on l'enlève quand on estime qu'il va commencer à étrangler la greffe, après un mois en principe.

En principe, le cerisier n'aime pas trop la taille (écoulement de gomme) donc si on peut éviter de tailler c'est mieux.

Tous les greffons que je plante sont issus des graines de ce merisier conservé et unique dans toute la région, qui permet d'assurer une rusticité et une longévité des arbres cultivés», a-t-il ajouté. Aujourd'hui, de nombreux jeunes de la région veulent imiter le parcours de Hadj Abderrahmane, pour développer la culture du cerisier dans cette zone montagneuse de Tsarifet.