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Covid-19: La question de la protection du personnel soignant relancée

par M. Aziza

La pandémie de coronavirus a fait une vingtaine de décès parmi les personnels médical et paramédical, en Algérie. Mais, le décès des suites du Covid-19 d'une femme médecin de 28 ans, enceinte de 8 mois, et auquel le directeur de l'établissement a refusé un congé «exceptionnel», a suscité l'émoi et l'inquiétude dans le secteur de la Santé. Des préoccupations et des questions sur les droits et obligations du corps médical ont vite remonté à la surface.

Intervenant dans la soirée d'avant-hier, à travers un webinaire interactif sur «les droits et obligations du corps médical», le Pr. K. Messahli, chef du service de Médecine légale du CHU Frantz Fanon de Blida, expert agrééì par la Cour et les Tribunaux, a reconnu que le personnel soignant «n'est pas suffisamment outillé de droit de protection».

Ce webinaire initié et diffusé via les réseaux sociaux, par ?Club Wemed' (club scientifique et culturel de la faculté de Médecine de Blida), a donné l'occasion, notamment aux jeunes médecins, de poser pas mal de questions sur l'insécurité au sein des hôpitaux, le droit au congé exceptionnel, ainsi qu'une série de questions qui taraudent l'esprit du corps médical, notamment en cette période exceptionnelle due au Covid-19. Pour le Pr Messahli, sur le plan réglementaire, il y a eu une certaine amélioration avec l'adoption de la loi de la Santé adoptée en 2018. Cette dernière englobe, en fait le droit déontologique et les dispositions du code pénal. Mais, regrette-t-elle, « dans cette réglementation, il y a beaucoup d'obligations et peu de droits ». Et d'affirmer que l'épidémie de Covid-19 qui a touché notre pays, à l'instar de plusieurs pays dans le monde, non seulement a mis notre système de santé et notre personnel médical à rude épreuve, mais a dévoilé les insuffisances et un vide juridique, notamment en matière de protection du personnel soignant.

Et d'expliquer: «on s'est tous posé la question en apprenant le décès douloureux de Dr Wafa Boudissa: Pourquoi, elle n'était pas mise en congé, alors qu'elle était au troisième trimestre de grossesse ?»

Toutes les situations exceptionnelles sont, par conséquence, des situations nouvelles. Et d'affirmer que cette situation exceptionnelle et plus précisément ce drame, a mis en exergue le vide juridique en matière de protection du corps médical, d'où la nécessité, aujourd'hui, de revoir les droits du corps médical, d'analyser en profondeur les faits et faire des propositions afin d'élaborer des lois qui garantissent plus de protection aux personnels soignants sans exception. Interrogée, sur le droit au congé exceptionnel, le Pr Messahli a affirmé que dans les situations exceptionnelles, notamment en cette période de crise sanitaire qui est toujours là, le personnel médical doit être toujours sur le pied de guerre. Et d'affirmer qu'il faut faire la différence entre un congé annuel de détente et de repos et un arrêt maladie. L'administration a le droit de regard, selon la réglementation, sur la décision d'accorder ou non un congé de détente et de repos en période exceptionnelle, catastrophe naturelle, crise sanitaire ou autres, mais elle n'a pas le droit, par contre, de refuser un arrêt travail médical. Et d'affirmer que l'arrêt de travail doit être décidé entre le médecin traitant et la Caisse nationale de la Sécurité sociale.