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Quel impact sur les prix des véhicules ?

par Abdelkrim Zerzouri

Le retour aux affaires des concessionnaires automobiles crée la surprise dans un secteur rongé depuis quelques mois par un profond malaise suite à l'arrêt des chaînes de montage des véhicules. Ainsi, après l'autorisation d'importation de véhicules de moins de 3 ans,

introduite par la loi de finances 2020, le dernier Conseil des ministres réuni dimanche 10 mai par visioconférence a décidé d'autoriser l'importation de véhicules touristiques neufs par les concessionnaires automobiles. Poussés à la faillite dès l'année 2016, suite à une réduction drastique du quota d'importation, préludant un arrêt pur et simple de l'importation en 2018, année durant laquelle aucune licence d'importation n'a été accordée, les concessionnaires ont dû plier la mort dans l'âme sous la pression d'une réglementation résolument tournée vers la préférence du montage de véhicules en Algérie.

On nous faisait croire que de la sorte on réduisait la lourde facture d'importation des véhicules, mais il s'est avéré qu'il s'agissait de l'arnaque du siècle, puisque l'importation des kits SKD/CKD (pièces détachées nécessaires pour assembler complètement un véhicule), dont le régime préférentiel a été annulé dans le sillage de ce retour aux affaires des concessionnaires automobiles, coûtait les yeux de la tête aux caisses de l'Etat. Juste retour des choses ? Les nouvelles décisions remettent sur roues les activités commerciales et industrielles dans le secteur automobile. Le montage des véhicules peut continuer son bonhomme de chemin mais sans régime préférentiel, c'est-à-dire que l'activité sera soumise au régime douanier fiscal régulier, et les concessionnaires peuvent se remettre au boulot, dans les mêmes conditions qui régissaient cette activité avant son arrêt brusque ou avec des nouvelles règles.

Rien n'a été encore divulgué à ce propos, mais il faut s'attendre certainement à ce que l'Etat ne lâchera rien s'agissant des ressources fiscales, douanières et sociales. Reste aux concernés à se réorganiser pour s'imposer dans le nouveau paysage économique qui se dessine et qui sera basé sur la libre entreprise dans le cadre d'une concurrence loyale, loin des pratiques maffieuses qui ont saigné les caisses de l'Etat et les poches des citoyens. Reste également à se demander si les nouvelles décisions en question auront des incidences sur les prix des véhicules. La concurrence, on le sait théoriquement, devrait provoquer une baisse des prix des véhicules, mais il ne faut pas trop compter là-dessus. Sur cette question des prix des véhicules de moins de 3 ans, rappelons que le ministre de l'Industrie avait récemment réagi en faisant savoir que le coût de la voiture d'occasion importée risque d'être élevé, vu que le prix de la voiture de moins de trois ans en Europe n'est pas donné, en raison du faible taux de change du dinar par rapport à l'euro, ainsi que des droits de douanes qui peuvent atteindre les 30%, sans oublier la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) fixée à 19% en Algérie. Que dire alors du prix du véhicule neuf ?!